mercredi 16 janvier 2013

Dans la durée des oiseaux #1

Nous n'avons jamais su ce qui nous tient, qui aurait pu tout aussi bien défaire notre chemin. Nous avons les gestes assez fragiles pour accueillir le silence des questions.

Nous ne connaissions pas les visages de la mort mais nous devinions leur présence. Dans les crissements de la neige quand ta mère pesait trop lourd sur ta poitrine. Dans les rumeurs vertes du fleuve quand j'allais lui conter mes solitudes.

Le rêve au matin bat encore sur tes paupières. C'est le même depuis toujours, qui creuse dans ton sang. Tu aimes penser qu'il te survivra, à l'affût d'une proie nouvelle.

Tu n'étais pas née quand tu as fait ton premier voyage. Le bruit de la voiture du père te berçait dans le ventre de ta mère. Tu n'aurais pas dû en revenir. Elle te l'a dit. A huit ans, tu étais en âge de comprendre. A quoi bon faire tant de manières, avec cette histoire.

Nous avons souvent couru avec le vent le long des frondaisons d'aiguilles sèches. Eprouvé la fatigue des oiseaux trop lourds à l'horizon. Frémi d'être là, encore.

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