lundi 21 août 2017

J.P. Filiu, Les Arabes, leur destin et le nôtre, 4

Résultat de recherche d'images pour "jerusalem""L'Arabie Saoudite tire les plus grands bénéfices du déni européen du droit des peuples arabes à l'autodétermination. Plus d'un siècle de Renaissance arabe, loin d'avoir forgé des liens durables entre les puissances européennes et les Arabes de la Nahda, aboutit au contraire à la consécration d'un Etat saoudien fondé sur une idéologie anti Nahda, le wahhabisme. Bien avant la découverte du pétrole, il faut voir dans cet implacable processus une des raisons majeures de l'affaiblissement des Lumières arabes.
Un résultat aussi calamiteux, loin d'être le fruit d'être un sombre complot, découle du refus persistant des décideurs français et britanniques de traiter les Arabes sur un pied d'égalité, alors même que les deux empires coloniaux ont sollicité l'alliance des Arabes contre l'ennemi turco-allemand. Il n'y a pas plus de conspiration machiavélique dans la bombe à retardement que constituent les mandats* en termes de démographie et de frontières. Mais l'imposition par des puissances extérieures de la domination des chrétiens au Liban ou des Sunnites en Irak ne peut qu'alimenter les interprétations paranoïaques, qui font florès aujourd'hui.
Ibn Saoud, malgré les profits qu'il engrange de cet aveuglement occidental, s'interrogera bien plus tard, devant un président américain, sur cette volonté de faire payer aux alliés arabes les fautes d'autrui. Pour les Arabes, avoir été traités comme des ennemis par les Européens, auprès de qui ils s'étaient loyalement engagés en amis, laissera un profond sentiment d'injustice. Organiser des élections et promouvoir une constitution n'aura en effet pas suffi aux Arabes pour enrayer la machine infernale des mandats.
Le visiteur de l'Orient arabe ne sera donc pas étonné qu'on lui renvoie "Sykes-Picot*" et "Balfour*" à la figure, même s'il n'était pas né lors de telles forfaitures. Il ne faut pas y voir une volonté de culpabiliser l'Européen au nom d'une repentance plus ou moins instrumentalisée. Non, il y a bien une incompréhension profonde de la part des Arabes : comment la France et la Grande-Bretagne ont-elles pu adopter une politique moralement aussi discutable, mais surtout stratégiquement aussi hasardeuse ? Un siècle plus tard, nous payons encore, en termes de "retombées" des crises moyen-orientales, le prix de notre décision de soumettre les Arabes plutôt que de nous les associer.
(pages 64 à 66)

Note du copiste

Les mandats décidés par la SDN en 1920 désignent des mandataires français et britanniques pour remodeler des frontières, reconnaître provisoirement des nations indépendantes... en obtenant d'abord l'accord des populations concernées... L'Irak se soulève contre l'occupant britannique dans un jihad de libération et est sévèrement réprimé. Les Français écrasent de même les combattants nationalistes en Syrie...

Mark Sykes et François Georges-Picot organisent en 1916 le partage du Moyen-Orient entre les deux empires coloniaux et trahissent la parole donnée au chérif Hussein dont ils réduisent le royaume à une portion congue.

La déclaration de lord Balfour stipule en 1917 qu'un foyer national pourra s'établir pour le peuple juif en Palestine, en tenant compte des droits civils et religieux des communautés non juives.

image de Jérusalem

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire