vendredi 3 novembre 2017

L'image d'un bateau sur la mer

Résultat de recherche d'images pour "image bateau sur la mer"L'image d'un bateau sur la mer. Sa découpe aura déposé le bleu qui a pâli. L'image d'un cheval dans la montagne au bord d’un ravin : une pierre pourrait la défaire. Ces deux images disjointes et rassemblées  dans ce que j'inventais des paysages avec la tourbe tremblante des berges sous mes pas. Une vieille sorcière, berceuse aux dents vertes, parfois me guettait, que j'aurais pu séduire comme on séduit les mirages. Rester dans la place du silence, avec l’indécision du bleu et la prégnance du vert, les genoux serrés sur le manque, le souffle à peine ouvert. Je suis pour toujours le petit aux gestes ancrés si mal aux gestes.
Des mots passent au large avec les oiseaux et les chats, dans la lumière lente des allées.
Ont-ils des lèvres que je saurais saisir ? Ce pays que j'ai dû prendre  dans ce qui m'a toujours manqué. Impuissance des gestes moignons. Voix de rouille édentée.  Ce pays dont l'horizon est toujours en fuite,  les oiseaux mêmes s'en détournent et aucune langue pour le retenir. Les mots sont des corps avec leur souffle et leur sang, leur bile noire. On ne peut pas les entendre dans la marche sous l'humus qui perle. On demande au poème la permission du chant, sa mélancolie d'oiseau. On attend que la fatigue ouvre ses portes. Disparaître dans le mouvement des pas.  L'oiseau comme le brin d'herbe abolissent toute durée.  L'horizon se confond avec ma peau.
Le poème n'a pas de lieu sûr quand ma silhouette se perd.
J'en recompose à tâtons l'illusion pour marcher encore, écrire encore, dans la même langue des repentirs. Je me souviens des chevaux debout la nuit, leurs paupières lourdes ouvertes au silence de la lune qui allait tomber. La paille qu’on avait changée murmurait à l’entour des sabots. Une mouche agonisait dans une toile et les solives en étaient à la peine. Des frissons couraient sur ma peau, écarquillaient mes yeux.

Mes mots ne savaient pas désigner les mystères, ne fécondaient rien de mes solitudes. Je n'imaginais pas l'envol des chevaux ; je manquais aussi de fatigue. 

image pirates-corsaires.com

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