jeudi 10 janvier 2019

Aurore Bergé, venez me chercher !

Madame,

Les violences commises lors des manifestations des Gilets jaunes m'effraient autant qu'elles vous effraient. J'ai eu peur comme vous avez eu peur lorsque j'ai vu Marianne mutilée à l'intérieur de l'Arc de triomphe. J'ai peur pour les manifestants et les forces de l'ordre. J'ai peur pour les employés des petites entreprises et des petits commerces.

Désormais, cependant, c'est VOUS qui me faites peur. Votre décision de saisir le procureur de la République dès lors que tel ou tel propos de tel ou tel homme politique et/ou intellectuel vous apparaît séditieux me fait penser aux anciennes pratiques de la Stasi en ex RDA et de la Savak en Iran. Vous souhaitez instituer une police de la pensée car vous craignez le pire pour votre caste momifiée en son mépris. Appellerez-vous bientôt à tirer dans le tas comme Luc Ferry ? J'ose encore croire que non.

En tout état de cause et malgré mes réserves au sujet de certains Gilets jaunes gagnés par la déraison, je soutiens avec la plus grande énergie les personnes que vous désirez bâillonner. Je pense notamment au philosophe Vincent Cespedes et à Juan Branco.

Je vous invite à réfléchir à votre propre violence en tant que membre de la classe dominante sur le corps et l'esprit des "gens de peu". Je vous invite à lire la lettre prémonitoire de la banque Natixis du 26 août 2017 où il est écrit que l'accroissement des inégalités pourrait conduire à la révolte des salariés en France.

Nous y sommes. Nous y sommes pour de longues semaines encore.

Je souhaite une montée en puissance du mouvement des Gilets jaunes. Je souhaite qu'il s'étende à d'autres pays pour que la Commission européenne ne soit plus sourde aux souffrances des desdichados. Coresponsable avec vous des actuelles violences, et cela depuis quarante ans de néolibéralisme qui transforme l'humain en déchet comme le dit le pape François, elle doit agir de toute urgence. Bruxelles aussi pourrait brûler...

En attendant, je me tiens à votre disposition. Etant bien élevé, je ne vous cracherai pas au visage et ma seule arme est la culture que je me suis construite avec patience. Venez me chercher !

Dominique Boudou, retraité

PS : J'apprends, deux heures après avoir écrit cette lettre, les très graves menaces physiques que vous avez reçues. Abjectes et barbares, elles méritent une condamnation sévère.

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