mardi 26 février 2019

Judas, Amos Oz

Judas - Gallimard Israël. 1959. Shmuel, étudiant pataud qui talque tous les jours sa barbe et mange trop de tartines au fromage, se voit dans l'obligation de chercher un emploi car ses parents ne peuvent plus l'aider financièrement.
Il répond à la petite annonce d'un vieil intellectuel à moitié infirme, Gershom Wald, qui vit retiré dans sa maison à Jérusalem en compagnie de sa belle-fille Atalia. 
En échange d'une chambre dans une soupente et de quelques billets, Shmuel doit consacrer ses soirées à cet érudit passionné par l'histoire d'Israël et les rapports complexes entre Juifs et Arabes. Le contrat de travail stipule que l'étudiant ne doit sous aucun prétexte parler de son employeur à l'extérieur, y compris à sa propre famille. Atalia, qui gère l'intendance de la maison, serait intraitable s'il ne le respectait pas.
Mais qui est au juste cette femme au corps tellement désirable et animée d'une volonté farouche ? 
Malgré la différence d'âge, Shmuel tombe amoureux d'elle dès les premiers jours. Tout comme les étudiants qui ont occupé cet emploi avant lui...
Quand il a fini d'écouter les péroraisons de Wald au téléphone avec des interlocuteurs dont on ne sait rien, il partage avec lui une assiette de gruau, évoque les travaux universitaires qu'il a abandonnés sur Judas et remonte dans sa soupente. Il essaie d'écrire mais son esprit est ailleurs. Il y a tant de mystères dans cette maison.
Quels indicibles secrets se cachent dans la pièce toujours fermée à clé ? Qu'est-il arrivé au fils de Wald engagé dans l'armée alors qu'il était inapte au service ? Où Atalia passe-t-elle la plupart de ses nuits ? Et pourquoi l'engagement de son père, Shealtiel Abravanel, était-il aussi violemment contesté par l'intelligentsia israélienne ?

Judas, d'Amos Oz, dans une langue tour à tour charnue et savante, pourrait presque se lire comme une enquête mais il est surtout une longue réflexion théologique et morale, philosophique et politique. Judas a-t-il vraiment trahi le Christ ou était-il au contraire son fidèle le plus fervent ? Les premiers antisionistes, avant la création de l'Etat d'Israël, étaient-ils aussi des traîtres au peuple sans terre ou bien des visionnaires qui devinaient les futurs conflits entre Arabes et Juifs dans la région.

Voilà un roman puissant à lire et à relire. Par un auteur favorable à la création d'un Etat palestinien. Il y a, n'en doutons pas, dans le personnage d'Abravanel, bien des traits qui lui ressemblent.

Judas, d'Amos Oz, est disponible en Folio.

image fnac.com

1 commentaire:

  1. Je lis, nous lisons Amos Oz. Un petit club de lecture qui se réunit tous les mois. Ce mois-ci, nous avons élu l'écrivain israélien. Je lis "Ailleurs peut-être". C'est son premier roman je crois. Ecriture puissante, en effet et l'introduction dans la vie des kiboutzims

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