dimanche 29 septembre 2019

Jindra Kratochvil, toutes mes pensées ne sont pas des flèches

Aucune description de photo disponible.La seule chose dont Jindra Kratochvil soit vraiment sûr, c'est que "le tout premier jour de l'univers fut un mardi".

Son recueil de proses fragmentaires toutes mes pensées ne sont pas des flèches se présente comme un relevé des incertitudes du réel ordinaire et cosmique. A tel point [qu'il se pourrait que notre époque ne soit pas la nôtre]. D'autant que les mouvements du temps ne sont pas clairement identifiables. 
Comment résister alors à l'effet de serre du désenchantement dans un monde si souvent cul par-dessus tête ? Comment s'accommoder du charabia des séminaires et des télécommandes aux boutons "si désespérément nombreux" ? Comment se retrouver dans la profusion fumeuse des sciences dites alternatives  et les "avertissements indispensables " au consommateur ?

Le parti du rire grinçant, très grinçant, apparaît comme la solution la plus viable. Puisque le "monde se fait chier", autant s'intéresser à "l'appellation officielle de la face striée des steaks hachés" ou à la fonte du fromage dans les paninis, sans perdre de vue qu'il existe une galaxie en forme de brocoli. 
Le réel serait-il comestible en ses traces résiduelles et la grande peur conjurée ?
Jindra Kratochvil avoue son impuissance à répondre à une question pareille. Avec des pensées dont l'étendue est inférieure au millimètre, ses flèches atteignent peu souvent leur cible. La cible mouvante de l'absurde dans tous ses états, qui empêche l'entendement d'aborder à quelque rivage que ce soit.

Au jeu des appariements littéraires, Jindra Kratochvil étant originaire d'un pays qui n'existe plus en tant que tel (la Tchécoslovaquie), on peut penser à l'univers parfois baroque de Bohumil Hrabal dans Une trop bruyante solitude, revisité par le facétieux inventeur de villes invisibles que fut Italo Calvino.

Extrait :

la petite porte

N'oublions pas que la petite porte par laquelle on passe dans un univers parallèle peut se cacher n'importe où : derrière une vieille armoire, sous l'évier de la cuisine, au fond du placard où sont stockés les vêtements d'hiver. Elle n'aime pas trop être dérangée, la petite porte, elle cherche toujours à se faire oublier.
Sans doute pour éviter d'être malencontreusement prise pour une solution miracle.

Ce premier recueil, très réussi, est une suite de gourmandises à lire et à dire avec jubilation et nous attendons d'ores et déjà la suite. Il est édité par les toutes nouvelles éditions le clos jouve à qui nous souhaitons les plus belles aventures. toutes mes pensées ne sont pas des flèches coûte 19 euros.

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