mercredi 15 avril 2020

Christophe Sanchez, La ligne sous l'oeil

Christophe Sanchez (@_chsanchez) | TwitterAvec La ligne sous l'oeil, publié aux éditions Gros Textes, Christophe Sanchez poursuit son chemin de patience et de fragilité. La fatigue d'être soi revient obstinément au détour du poème. Et les mêmes questions y résonnent. Comment faire la part du visible et de l'invisible ? Le réel relève-t-il de la croyance ? Jusqu'où aller pour se dissoudre dans l'absence ?
Ayant chroniqué plusieurs ouvrages de Christophe Sanchez, le commentaire cède la place à des copeaux sombrement fulgurants. A l'aune d'une lecture fragmentaire qui transfigure l'ensemble textuel en interrogeant ce qui apparaît.

L'orgueil abat la langue
entre moi et le monde.
Rien ni personne ne retient
ces petits foudroiements.

Alors je continue à mentir,
une huile rance sous la paupière.

Une parole s'éteint sous la lampe,
plus aucun mot pour dire l'ombre.

J'abolis en marge de la peine
la mort étendue sur nos ventres.

Trop de lumière hache le ciel 
pour comprendre sa langue.

J'entends le ciel monter
sur son échafaudage
la voix serrée d'un enfant
Un linge humide passé
sur mes paupières suffirait
pour retourner le rêve.

Quoi qu'il en soit du monde,
la légèreté de l'oiseau dans l'oeil.

Ressac de l'enfant aimé et traqué,
une part de moi aussi lasse qu'éperdue.

L'oeil grandit sous l'étincelle
mais qui nous voit ainsi écarquiller
connaît le souffrir des lendemains
l'insoluble image au bout de la course.

Je cherche dans le ciel trop bleu
une insouciance à qui sourire.

Je me range dans le revers du silence,
dans ses plis où rien n'assiège le ventre.


La ligne sous l'oeil, accompagné d'un dessin d'Olivier Sada et imprimé sur un beau papier coquille d'oeuf, coûte 8 euros.

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