mercredi 13 mai 2020

Cédric Merland, Les arbres écrivent aussi, 3




















 Il y a eu un drame ici. Personne ne sait dire vraiment, accident ou suicide, meurtre pourquoi pas. Des murmures parfois, autour des poutrelles où le vent s'est pris, ravivent les inquiétudes. Quelqu'un aurait vu des choses. Aurait été seul à les voir. Puis a disparu.

Le promeneur n'est pas inquiet. Il aime disparaître quand il marche. Son corps s'efface parmi les herbes du talus au bord de l'autoroute. Son esprit va plus léger à la rencontre du fleuve en contrebas. La lumière suspend tous les mouvements à ses entours. Ni les nuages ni les oiseaux ne font signe. L'eau reste sans tain.

Il faut descendre encore, disparaître davantage. Dans une durée plus ample du paysage. Où l'arbre se déplie comme un récit. Quatre cavaliers reviennent d'un lointain voyage. Ils ont des lévites et des aigrettes. Leurs yeux se sont étrécis d'avoir trop vu la débâcle du monde. La paix est là pourtant, sous le ciel de crépi qui ouvre les ramures. Le sang ne coulera plus. Les oiseaux retrouveront le chemin des poutrelles.

Le promeneur remonte lentement vers l'autoroute. Mais à qui appartient cette silhouette assemblée sur le bitume ?

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