mercredi 5 décembre 2018

je neige (entre les mots de villon), Laure Gauthier

Résultat de recherche d'images pour "laure gauthier"Rien ne m'est sûr que la chose incertaine, écrit François Villon dans la Ballade du concours de Blois. Le je neige (entre les mots de villon) de Laure Gauthier, long texte polyphonique à "trois voix, peut-être quatre" s'inscrit dans plusieurs sortes d'incertains.

De ligne brisée en [trou blanc], la langue parfois chuinte ou râle dans des reprises qui jamais n'atteignent aucun rivage. C'est la langue de l'exil sans cesse recommencée, entre le dedans et le dehors.

Le lecteur suit villon qui revendique l'état de nom commun indifférencié des autres noms communs dans sa traversée des lieux ordinaires : place, taverne, châtelet, jardins. Cependant que tombe la neige, incertaine aussi mais qui déborde du blanc, pour devenir un "je" dont chacun pourra s'emparer, comme objet plutôt que comme sujet.
Les voix de villon évoquent aussi bien les mécaniques humides de l'amour que celles, impuissantes, de la poésie. Le "mot mortier" a "trop de brèches à colmater". Le vers n'a pas plus à dire qu'une carte à jouer et villon refuse l'usage du "refrain à la rose".
Les autres voix, comme un répons, revisitent quelques éléments connus de la vie du poète et interrogent son écriture avec ce leitmotiv : " Partir dans la langue pour se départir. "
Mais de quoi ?

Dans la deuxième partie du livre, Laure Gauthier inscrit cette question dans un mouvement plus large où passe l'incertain Pessoa, (pessoa signifie personne en portugais), qui laissa ses 72 hétéronymes se choisir un nom propre. "L'intranquillité" réside là dans l'absence de racines. Rien ne peut être transmis, légué quand la mémoire n'a pas d'ascendance.
Un chant poétique du non lieu entre les espaces des mots comme entre les espaces des choses advient. Tavernes et tripots, places et jardins, dépouillés de tout symbolisme, n'ont de présence que dans le "mouvement des phrases".
Aucune biographie du poète n'est viable avec ses fallaces romancées. Il n'est que [silhouette, le trait noir et le blanc au-dedans, la chair fiction, le mur apparent, entre les traits, dans ce blanc où se passe la vie].

Laure Gauthier s'intéresse enfin aux aspects de la traduction, la langue de Villon étant aujourd'hui quasiment illisible. Avec Yoko Tawada traduisant Paul Celan en japonais, elle réfute l'idée selon laquelle la poésie subirait des pertes en passant d'une langue à l'autre. Et évoque un couloir où la traduction serait agissante dans l'écriture même du texte original. 
Imaginer un creuset où toutes les langues pourraient se déplier dans le même mouvement est une idée séduisante et ce n'est pas la seule dans ce recueil dont je recommande vivement la lecture.

Extrait :

Rester flanqué de trous blancs,
je ne veux que partir en langue
m'arracher toujours,
à nouveau,
aux pierres de la ville,
Pour m'y échouer encore et partir.
je
suis dans les mots,
Pas dans les phrases,
Flocon
Vent

*

Etre de mots et n'exister
              subsister à écrire
Blanc sur fond de terre
même raide, motte en bouche
Laisser bruisser le mouvement
entre
                                        les mots


je neige (entre les mots de villon) de Laure Gauthier est publié aux éditions Lanskine. Il coûte 13 €.

image fnac.com

mardi 4 décembre 2018

Souvenir de Thierry Metz, Bordeaux, 1995, (2)

Résultat de recherche d'images pour "thierry metz""Mes deux vies sont dans un entretien permanent, me confie Thierry Metz, je ne veux pas les dissocier, je suis à visage découvert."

Poète englué dans la pâte épaisse de la vie, selon l'expression reverdienne, ses mots hurlent sous les coups du marteau et forcent les brèches de la matière, mais le monde est clos depuis longtemps, il n'y a pas de chemin...
Thierry Metz n'en a pas fini de donner des coups de marteau, de se fondre dans l'épuisement.
" Quand je rentre chez moi, c'est la fatigue, je me mets à ma table pendant une demi-heure, mais rien à faire, tout remonte."

Au début du siècle, Pierre Reverdy notait ainsi son désarroi captif de la douleur, dans sa "chambre close" :
" De mes ongles j'ai griffé la paroi, et, morceau à morceau, j'ai fait un trou dans le mur de droite. C'était une fenêtre."

Y a-t-il des fenêtres dans l'univers de Thierry Metz ? A-t-il saigné pour les ouvrir ? Sont-elles aveugles comme celles de Reverdy ?
Dans Lettres à la bien-aimée, il écrit : "Etre où le mot est une chambre. Où peut-on imaginer que je sois avec mes mains de maçon ? Là. Précis comme l'allège d'un mur. Mais toujours dans la chambre où chaque soir je t'allume un petit cahier avec des yeux de merle."
Comment répondre alors ?

"Je ne suis qu'un abord, sans appui", confesse encore Thierry Metz. Il est peut-être lui-même une fenêtre dont il aurait perdu les contours, une fenêtre par laquelle il ne cesserait de tomber, avec "un peu de terre dans la voix. Pour s'y coucher". A moins que, ouverte sur la nue où signent les oiseaux, elle ne soit une offrande au ciel, le poète tendant la main !

Comment savoir ?

Lorsque nous nous sommes quittés, j'ai demandé à Thierry Metz s'il accepterait de répondre par écrit à des questions, pour la revue. Il a dit oui. En attendant de le retrouver, je lui cède encore la parole. Ce texte est extrait de son dernier livre, Dans les branches, publié par Didier Schillinger aux éditions Opales.

Dérisoire pourtant grave
ce qu'est un pas
au petit jour
et de le ramener.

image ladepeche.fr

dimanche 2 décembre 2018

Souvenir de Thierry Metz, Bordeaux, 1995 (1)

Résultat de recherche d'images pour "thierry metz"" D'abord faire ce qu'on me dit de faire. Construire un mur là s'il faut le construire là. Blanc s'il doit être blanc."
Ainsi parle Thierry Metz en sirotant sa Kronenbourg dans la touffeur du salon du livre de Bordeaux. Il paraît serein, roule sans trembler de fines cigarettes. Il semble, par le don de soi aux tâches qu'on lui demande, puiser en lui-même une totale liberté. Sa voix, comme sa poésie, navigue entre ciel et terre, entre nuages et racines. Ses yeux, bleu vert, ou vert bleu, je ne sais plus, ont la transparence de ses mots. Quand la voix se tait, ils mettent de la lumière dans le silence.

... Lors de notre rencontre, voulant me livrer au jeu de la parenté littéraire, j'ai demandé à Thierry Metz s'il n'y avait pas dans ses vers un peu de Reverdy. Son visage s'est éclairé. Ses yeux transparents ont fulguré. "Oui, Reverdy, j'aime beaucoup Reverdy. La guitare endormie notamment."

... Dans sa préface à "Plupart du temps,I", Hubert Juin évoque une poésie tout à la fois de surgissements et d'effacements, pour capter le réel absent, la douleur de l'absence. Thierry Metz, qui a publié son premier livre après la mort de son fils, se trouve dans la même quête. Qu'il élève des poèmes ajourés de silence ou des murs blancs, dans une tentative désespérée de faire se joindre le ciel et la terre, c'est la souffrance qui se dépouille, c'est l'être pleurant qui s'écartèle pour mieux se rassembler, autour du trou où luit la douleur.

" la terre en vue   retournée
par la mort un instant
de ce qui brille
les yeux fermés."

" à l'heure déjà venue
d'approcher ce qui depuis longtemps est clos
le monde et pas une rose
une roue et nul chemin
seule une exclamation
et comme un enchantement."*

* in Dans les branches, Editions Opales
Cet article est paru dans la revue Le bord de l'Eau en 1996.


mercredi 28 novembre 2018

Le Livre vert, arche de papier

Il suffit de passer le pont d'Aquitaine et c'est là, en retrait d'un talus où quelques buissons frémissent des rumeurs de la Garonne : Le Livre vert.

L'entrepôt de cette entreprise de réinsertion professionnelle reçoit chaque jour plusieurs centaines d'ouvrages de toute sorte, offerts par des particuliers ou des associations. Le cap des deux cent mille livres sera bientôt franchi par cette arche de papier qui accueille tous les genres et tous les styles. Une Harlequinade ou les mémoires d'un foot-baller côtoient Flaubert et Spinoza sans qu'aucune médisance ne soit proférée. Le droit de cité est égalitaire.

Quatorze salariés travaillent ici dans la bonne humeur, dont Laurent, à qui je remets ce que j'ai désherbé de ma bibliothèque. Les livres qui ne seront pas vendus sur les sites en ligne, (au minimum cinq mille par mois et davantage pendant la rentrée scolaire et les fêtes de fin d'année), feront l'objet d'un recyclage écologique. 
D'autres, écrits en gros caractères notamment, prendront gratuitement le chemin d'une maison de retraite ou d'un hôpital. La solidarité, adossée à la nécessité écologique, n'est pas ici une posture mais une mission.

L'enthousiasme de Laurent, qui m'explique le classement des volumes (par numéro de travée puis d'étagère) et leur enregistrement sur l'ordinateur, ne trompe pas. Il m'accorde joyeusement la permission de flâner dans l'entrepôt. Les ondulations de cette marée d'encre me donnent un léger vertige. Vue comme une crête d'écume depuis le promontoire de l'étage, elle exprime la force et la fragilité des savoirs humains entremêlés. Elle émeut.

Je souhaite longue vie au Livre vert. Son voyage ne fait que commencer. L'objectif de porter le stock à quatre cent mille livres a d'autres valeurs que celles du chiffre. Les emplois existants pourront être pérennisés ou servir de tremplin vers d'autres parcours professionnels. De nouveaux postes pourraient être créés, porteurs de nouveaux projets. Dans la ville et hors les murs. Dans l'incarnation d'une citoyenneté active et humaniste.

Ce n'est pas demain que l'encre du Livre vert va jeter l'ancre et je m'en réjouis sans détour.

Les coordonnées du Livre vert : 210 Avenue du Dr Schinazi 33300 Bordeaux (quartier de Bacalan)
Ouverture : 9h30 à 17h30 du lundi au vendredi
Téléphone : 05 33 51 09 53 ou 07 77 34 87 15
Courriel : contact@lelivrevert.com

Pour acheter en ligne :
http://www.priceminister.com/boutique/LeLivreVert


lundi 26 novembre 2018

Trier, garder et jeter, retrouver

Depuis trois semaines, je mets de l'ordre dans la maison. En près de vingt ans, le papier sous toutes ses formes a pris ses aises et la poussière un peu partout. 

Les livres d'abord. Toujours trop nombreux. Souvent inutiles. Un désherbage s'impose. On ne relira pas la plupart des romans que l'on garde. Conserver tout Flaubert et tout Camus va de soi. Mais pas Simenon ni Modiano. Balzac et Kafka eux-mêmes ne sont pas totalement indispensables. Quant aux écrivains contemporains, à part une petite trentaine de coups de foudre, presque tous sont déjà oubliés. Alors, quatre cents ouvrages sont partis et les étagères respirent mieux.

Après les livres, les papiers en vrac ou dans des classeurs, au rez-de-chaussée et à l'étage : factures, avis d'imposition, bulletins de salaire, analyses de sang, relevés de banque, courriers administratifs, certificats de garantie... J'ai rempli cinq sacs-poubelle de trente litres. Avec l'impression étrange de préparer ma disparition. N'est-ce pas ainsi que l'on vide la maison des morts, avec des sacs-poubelle à portée de main ? En lisant parfois une date que l'on s'étonne de trouver si lointaine... 1985. Compte-rendu d'un pneumologue. On souffrait déjà de l'air qui passait mal.

Après les livres et les papiers, les traces plus personnelles et intimes : cartes postales, agendas et carnets, photos de classe et de voyages, faire-part de naissance, lettres manuscrites et petits mots d'amour. Ah ! C'est à croire finalement qu'il existe, l'amour ! Et mon coeur se serre. Et mes yeux se mouillent. Réduire le nombre des cartes postales et des photos de voyage est quasiment automatique. Tout garder sans les relire, on ne veut pas pleurer, des mots d'amour est également automatique. Mais on rassemble ces traces dans un écrin précis qui trouve une place précise. Et ce n'est plus automatique.

Je ne sais pas dans quel état je serai lorsque j'aurai fini la remise en ordre de la maison. Comment le vide sur les étagères me remplira-t-il et de quoi ? Serai-je ainsi plus près de ma mort apprivoisée ? Retrouverai-je un peu d'élan pour un peu de joie ? Une chose est certaine. Le nombre des sacs-poubelle va augmenter dans les jours qui viennent.

lundi 12 novembre 2018

Estelle Fenzy, Poèmes western


Résultat de recherche d'images pour "Estelle Fenzy Poemes western"Les voyages immobiles portés par la puissance de la langue peuvent transporter le lecteur dans une réalité plus vraie que nature, avec toutes les composantes du symbolique et de l’imaginaire.
Les Poèmes western d’Estelle Fenzy illustrent au mieux cette assertion dès la première prose ajourée du recueil. « Ciel et mer partagent, face à face, les brumes, les bleus, les brasiers. Les espaces à écrire et rêver. »
Le voyage commence à Provincetown dans le Massachusetts, sous la nue des confins, et se termine au large de Klamath* Falls dans l’Oregon, sous un ciel confondu avec l’océan.  
Entre l’est et l’ouest, de paysages en scènes de genre aperçus dans un rétroviseur ou depuis un motel, la route n’a pas de ligne sûre pour le regard. L’étendue est si vaste que des mirages pourraient naître.
Estelle Fenzy a composé son livre à partir des photographies de Bernard Plossu qui a fait le voyage « pour de vrai ». Cette notation de l’artiste, mentionnée en exergue, invite le lecteur à se poser la question du pour de faux, à imaginer comment les territoires de l’un et de l’autre se joignent et se disjoignent, dans un tuilage improbable qui dit toute l’incertitude contenue dans toutes les perceptions.
« Le brouillard recroqueville la terre. Fatigue les couleurs. Gomme les contours. Ment les distances. »
Résultat de recherche d'images pour "herta lebk peintre"Que l’on se trouve à Beetown dans le Wisconsin ou sur la « Route 25, direction El Paso » ou, encore, à Alamogordo (sans doute y eut-il en ce lieu quelque peuplier corpulent), l’infini loge parfois dans un mouchoir de poche, le temps lui-même se trouble et se contracte.
Et c’est ainsi que la silhouette de Kit Carson* traverse à grands pas le voyage. Les bisons à la frontière texane sont un trompe l’œil sur un mur. « Les étoiles ne guident pas les voyageurs du haut du ciel. Elles sont tombées le long des routes. »
Comment éclairent-elles les balafres qui restent des années trente ? Que disent-elles des pompes à essence qui [patientent sous les néons] comme dans un tableau de Hopper ? Si la lune elle-même est « tombée sur la terre ».
Peut-être faut-il poser la question à Susannah Gun en Alabama, quatre-vingt-dix ans au compteur et six balles dans son revolver… Ou au berger violoniste des Marble Mountains…
Une chose est certaine cependant. Le voyage du lecteur ne s’arrête pas au bout du voyage du livre. Et c’est là sa force. Et c’est là notre plaisir.

Extraits :

Le brouillard recroqueville la terre. Fatigue les couleurs. Gomme les contours. Ment les distances.
Les arbres maigrissent. Gerbes d’os. Appelant la chair nouvelle.
C’est là que se mesure l’hiver. Aux pas accomplis jusqu’à eux.
A l’humidité. Entrée dans le corps comme un sommeil.

*

Dans les bars de Los Alamos, les fenêtres ne s’ouvrent jamais.
Elles baissent sur les banquettes leurs paupières qui piquent. Tabac froid.
La nuit est si noire. Le vent miaule si fort.
Posters d’automne canadien collés sur les carreaux paralysés. Flamboyance froissée. Passée.
L’air libre les couleurs vraies n’oseront que par les yeux.

Poèmes western d’Estelle Fenzy est publié aux éditions LansKine avec une photographie de Bernard Plossu en couverture. Il coûte 14 €.

image 1 pollen-difpop.com
image 2 gag galerie Herta Lebk, Visions sur le grand canyon, Le vautour

Klamath : peuplade amérindienne au XIXème siècle
Kit Carson : (1809-1868) trappeur, rancher, guide d'explorateur, officier militaire. Les aventures de Kit Carson ont été portées trois fois à l'écran pendant le vingtième siècle. Des années cinquante aux années quatre-vingt, il a été le héros d'une longue série d'albums de  bande dessinée en noir et blanc.

mercredi 7 novembre 2018

La piscine, N°3, L'éternel et l'éphémère

La revue La piscine étant graphique autant que littéraire, je choisis cette fois-ci de donner la priorité aux images pour évoquer le numéro 3 autour du thème de l'éternel et de l'éphémère.

Résultat de recherche d'images pour "isabelle rivière photographe"Après les aulnes d'Isabelle Rivière est une photographie qui nous montre le dos d'une femme. Elle porte un vêtement de corps pelucheux. Les lavages ont estompé les dessins d'ailes ou de feuilles en plein vol, certaines étant décolorées. Tout en haut du dos, à la limite entre le tissu et la peau, une marbrure reprend ce motif de l'aile et de la feuille. Dans un effacement troublant qui dit les solitudes.

Résultat de recherche d'images pour "Audrey Kahl"Le vieil homme d'Audrey Kahl, également photographié de dos, est si maigre que ses omoplates pourraient percer sa chemise. Il se tient dans l'espace étroit de sa chambre, entre la table de nuit et le lit. A quoi occupe-t-il ses mains ? Audrey Kahl écrit : "Devant la porte de sa prochaine enfance, il se balance." Cette chambre est en fait une antichambre dont il ne reviendra pas.

Lavertezzo (village d'une vallée suisse) de Solenne Bouis montre la photographie d'un paysage pris dans une tourmente indéfinissable. Seul un arbre se devine clairement dans la masse noire piquetée d'éparpillements blancs. Proche de l'abstraction pure, cette image ne dit pas ce qui vole ainsi dans l'air. Mais, là encore, une grande solitude est palpable.

La Sieste en août,
encore.Emprunte-instants d'Armance de Seingalt photographie une silhouette assise sur un tabouret haut. On croit deviner son visage effacé tout en ayant l'impression qu'elle nous tourne le dos. Plus explicite, une femme debout pose son menton sur l'épaule de la silhouette cependant qu'une présence ombreuse tient l'image dans un équilibre qui angoisse le regard insécure.

Résultat de recherche d'images pour "louise imagine"Dans Fragile, la photographe Louise Imagine dévoile ce que la fleur du chardon a d'éphémère et d'éternel dans ses représentations symboliques. Deux mains, l'une claire et nue, l'autre floue sous une manche, tiennent ensemble la tige de la fleur. On ne peut pas savoir quelle main donne et quelle main reçoit. Il y a là tout un geste à supposer, délicat, presque invisible.

Résultat de recherche d'images pour "arnaud martin photographe"Tu ne pourras fuir d'Arnaud Martin est la photographie d'une peinture. Une silhouette visible seulement à partir du ventre semble marcher dans un espace plâtreux indéterminé. Quelque chose la pousse dans le dos et brouille les lignes de son visage. Voit-elle au moins quelque chose avec ses lunettes floues ? L'humaine condition est-elle ainsi absurde jusqu'au malaise ?

Parmi les photographes, le paysage [fissuré] de Pascal Reydet et celui plus métallique de Guillaume Flandre retiennent également le regard qui s'attarde. Mais donnons la parole à la petite fille de Tamara Jullien qui attend devant une porte fermée. "C'est quoi ? cette histoire de la vie", semble-t-elle nous dire.

De nombreux textes en vers ou en prose, brefs ou plus longs cheminent avec les images dans les durées de l'éternel et de l'éphémère. Le lecteur appréciera notamment ceux de Brigitte Giraud, Jean-Yves Fick, Audrey Gilles et Fabrice Farre. Signalons enfin Comédie humaine de Raymond Alcovère. Balzac rêve que Dumas, Proust (qu'il ne connaît évidemment pas) et Stendhal se retrouvent au purgatoire. L'eau-de-vie coule à flots. Les menteuses claquent du bec.

Bref ! Lisez cette quatrième livraison (il y a un numéro zéro) de la Piscine au prix doux de 15 €. En lien sur ce blog.

image 1 : Isabelle Rivière, Après les aulnes, loeildelaphotographie.com
image 2 : Audrey Kahl, Le silence des bavards, Kahl-instagram
image non disponible pour Solenne Bouis
image 3 : Armance de Seingalt, La sieste en août, armance-de-seingalt.tumblr.com
image 4 : Louise Imagine, Aube nouvelle, flaneriequotidienne.wordpress.com
image 5 : Arnaud Martin, Anachorète, artcompulsion.com

Ces images ne sont pas celles du numéro 3 de La piscine. Solenne Bouis peut si elle le souhaite adresser un cliché à l'adresse suivante : dboudou@wanadoo.fr 

lundi 29 octobre 2018

Virginie Vandernotte dans Voleur de feu

La neuvième livraison des cahiers d'artiste Voleur de feu accueille sous format in quarto la plasticienne Virginie Vandernotte et mon texte Vos voix sur mon chemin. Mes lecteurs peuvent en découvrir des extraits ici même : La vie s'accorde à la lenteur du sang et L'image d'un coteau quand la lumière chavire dans la catégorie prose poétique.

Mais parlons de Virginie, ou, plutôt, laissons-la parler :
" Mon travail pictural se décline sur ces dernières années en une architecture onirique. Une proposition donnée au regardant pour entrer dans un parcours d'un autre type : le kaléidoscope fluide rêveur. La composition se fait par l'écriture du détail. Se glissent narration et symboles de l'humain."

Charles Dujour Bosquet, historien d'art, écrit ceci :
" Dépouillée de toute séduction discursive, purifiée de toute justification esthétisante, l'oeuvre de cette artiste se présente dans sa simplicité et sa pureté. Virginie Vandernotte compose avec des formes qui se transforment en autres formes tout en acquérant une stabilité qui donne à la structure une richesse de possibilités. Cela nous rappelle parfois les vues aériennes des champs ou la topographie à vol d'oiseau."

Quand les éditeurs William Mathieu et Edith Masson m'ont proposé de travailler avec Virginie Vandernotte, j'ai tout de suite été séduit par ses oeuvres abstraites (lyriques ou expressionnistes ; on dira comme on voudra) et la puissance de la couleur, les rouges et les verts notamment. Ses personnages et ses éléments de décor, qu'on pourrait croire naïfs au premier abord, savent également me parler.
Enfin, et ce n'est pas le moindre, j'ai ô combien apprécié la simplicité de Virginie lors de nos séances de travail. Je n'aurais rien pu faire avec une artiste pétrie de mauvais charabia conceptuel. 

Les oeuvres présentées ci-dessous (virginievandernotte.com) sont très différentes parfois les unes des autres. Elles témoignent de parcours divers, marqués par des voyages en Indonésie ou au Japon par exemple. Virginie Vandernotte a plusieurs veines dans son pinceau. Suivez-en les méandres.Résultat de recherche d'images pour "virginie vandernotte"
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Le site de Voleur de feu est en lien sur ce blog. Vous pouvez acquérir un exemplaire pour la somme de 25 euros. Prix totalement justifié par la qualité du papier et la reproduction très soignée des oeuvres. Les cahiers pliés étant détachables, il est possible de les mettre sous verre et voilà une bonne idée pour Noël approchant. Dernière précision : le tirage étant limité, il ne faut pas trop tarder.