Ton
cerveau maigrit. La peur te prend dans ce manque de coulures
invisibles. Tu vois l'évidement de tes bras
et de tes jambes, tu caresses les grains sur ta peau devenue sèche
d'avoir trop pleuré. Mais comment mesurer au jour le jour ce que la mort
arrache à ta mémoire ? Dans combien de temps l'éther où
tes souvenirs n'auront plus d'apparence ? Il nous faudra marcher
encore et encore, avec nos paraboles de neige et de sable, avec ce que
nous mettons au cœur de nos lisières, pour toucher de nos
corps l'horizon du chemin.
Plus tard, quand de mauvais regrets détourneront nos pensées calmes, nous relirons ces mots qui nous ont tracés. Nos corps plus longs à suivre les heures n'en reconnaîtront pas toute la mémoire. Nous dirons que quelqu'un d'autre, à qui la langue aura échappé comme elle nous échappe, aurait pu les écrire à notre place, courbé sur des jours trop vides. La rondeur d'un bol bleu et d'un fruit sur un coin de table rassemblera alors nos vieux vertiges. Et nous nous coucherons dans ce que nous savons de notre fatigue, en lisière des nuits où les visages sont sans visage.
Plus tard, quand de mauvais regrets détourneront nos pensées calmes, nous relirons ces mots qui nous ont tracés. Nos corps plus longs à suivre les heures n'en reconnaîtront pas toute la mémoire. Nous dirons que quelqu'un d'autre, à qui la langue aura échappé comme elle nous échappe, aurait pu les écrire à notre place, courbé sur des jours trop vides. La rondeur d'un bol bleu et d'un fruit sur un coin de table rassemblera alors nos vieux vertiges. Et nous nous coucherons dans ce que nous savons de notre fatigue, en lisière des nuits où les visages sont sans visage.
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