" On a dit autrefois que tout homme porte en lui un poète mort jeune à qui l'homme survit - je dirai que tout homme recèle en lui au moins des traces de poésie et que, lorsqu'il va vers les choses, c'est grâce à ces traces de poésie qu'il porte en lui et dont il les pare qu'il y va avec plaisir. Parce que, comme il a mis la poésie dans le monde, l'homme sait pourquoi il doit, à tout prix, l'y maintenir. Il sait combien elle lui est utile, et son instinct et son intelligence le préservent de jamais pouvoir réellement croire à son inutilité. C'est qu'elle est le plan où se libère sa conscience - où celle-ci cesse de se connaître seulement pour s'interroger sans pouvoir se justifier, s'expliquer. Elle est l'état où ses facultés s'exercent sans le moindre souci d'agir pour autre chose qu'agir - elle est l'acte pur - l'acte suprême de libération - le seul par lequel un homme, en tant que poète, puisse se donner profondément à lui-même le sentiment d'exister en toute liberté.
La conscience spécifie l'homme - le degré de conscience spécifie le poète... Doué de conscience et privé de poésie, par quoi il la décharge et la libère en s'exprimant en dehors de toute contrainte, l'homme ne serait plus sur la terre que le plus misérable et le plus mal établi des animaux."
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