comment dit-on chemin
rivière
arbre
là où je n'irai pas*
Mes mots ne sont pas des lieux sûrs
Pour assembler les paysages
Qui échappent au grain de ma langue
Ma mémoire a perdu l'établi de l'enfance
Où je fourbissais les brumes et les
berges
La lumière des coteaux et la suffocation
des mantes
L'effroi dans le creux de ma gorge
Les gestes muets
Comment se fondre dans le silence
Du chemin qui reste
Thierry Metz, Le drap déplié, 1995
Mon paysage est une main sans lignes,
Tous les chemins s'y nouent,
Je suis le nœud serré*
Mon regard comme mes mains
S'épuisent à l'ébauche de l'horizon
Les oiseaux vont trop bas
Sous les plis de la lumière
Les herbes couchées abandonnent leurs
signes
Dans les remugles de la terre
Je suis un goitre
Sylvia Plath, Arbres d'hiver (Stérile),
1971
plus grande est la solitude au passage
des grands
oiseaux*
Leurs cris mêmes agrandissent le ciel
Rapetissent la sente où le corps s'étire
Et le silence tombe sur mes épaules
Immobile
Je ne peux rien saisir des ombres entre
mes pas
Mon sang a pris le goût du fer dans ma
bouche
Il est trop tard
Les draps de la nuit claquent déjà
Jean-Claude Pirotte, Faubourg, 1996
tout est noyé tout s'estompe tout s'amenuise
on dirait un chagrin suppurant de la terre*
Il n'y a plus de tumulte
Les ombres gisent à l'entour des jardins
L'eau a perdu les traces des bêtes blanches
Un volet battant dans le vide
Eloignerait de mes pas
Les menaces du vent
L'ornière étouffe un sanglot quand je déglutis
Du noir
Lionel Bourg, L'étoffe des corps (Paysages
après la pluie) 1994
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