Les connaisseurs disent FPM. Le chasseur-cueilleur Jean-Claude Goiri accompagne avec enthousiasme cette revue de poésie ouverte à tous les vents, à tous les styles à l'exception de la mayonnaise en tube et ses dégoulinements. Les auteurs n'ayant jamais publié sont les bienvenus s'ils sont capables d'offrir "une autre vue sur les choses". FPM tient à sa devise : "Nous topographions nos territoires afin d'en abolir les frontières parce que rencontrer l'autre, c'est se soulever tout à fait."
Cette neuvième livraison, adornée de collages de Joë Fernandez et de Karine Coutet donne la parole à vingt-six voix toutes en échos et ricochets. De grands espaces blancs aménagés au long de la revue participent à la composition du chemin, avec ses haltes et ses rebonds, pour le soulèvement du lecteur dans les rencontres nouvelles.
Citons, dans "l'ordre de disparition" comme l'écrit facétieusement Jean-Claude Goiri, quelques fragments tombés de ces lèvres fiévreuses ou pas.
Dirk Christiaens : " Il faut en découdre / avec le vent / ce mangeur salace / de l'écorce des nuages / et leurs reflets. / Par l'interstice de la claie / je vois les hommes / faits de bois mort / fait de bois tordu / le bûcher des enfants / innocents de ce monde."
Brigitte Giraud : "Sur l'exact versant opposé du mur / l'ombre devient. / Le corps lâche / des écumes pâles / sur du velours rouge. / Il se découd... / Comment avoir peur alors / d'un miroir / que l'on casse ?"
Roland Dauxois : "Veines futiles, / pauvres essences, / un demi-siècle d'émiettements et de hersages, / là où l'ombre verse son lisier / où le rire d'une ancienne éclaire les rosiers."
Murielle Compère-Demarcy : "un homme effondré contre un mur / un homme effondré comme un mur / frappait frappe frappe / contre un mur contre un mur / frappait frappe comme contre / un mur / cherchant attendant / raison perdant / un signe / de sa fille / un signe / de survie / la colère d'un homme..."
Serge Marcel Roche : C'est le village entre ses lèvres le long d'où circulent tout le jour les autos, les petites japonaises travesties en taxi qu'on s'entasse dedans, les grandes aux vitres endeuillées, celles qui sont à plateau et les camions de bière, la nuit aussi, mais c'est moins nombreux, un tremblement lointain, la peau qui se rétracte aux bords de la plaie, un soubresaut d'essieux, de lames grinçantes dans mon demi-sommeil, un bruit de train, de claquement du rêve, une lueur sonore parce que je dors les yeux ouverts, j'ai des yeux de sorcier la nuit, des yeux d'agonisant, ça défile la mort de la forêt, les fûts cadavérés qu'on enchaîne, les troncs débandés qu'on fera lattes de parquets où marcher sans conscience comme sur des peaux humaines..."
Dans les mois qui viennent, FPM sera aussi une maison d'édition, Tarmac. Fouler les herbes sauvages qui résistent au bitume avant d'envoyer sous la nue le long courrier de l'aventure humaine ! On reconnaît bien là l'esprit de Jean-Claude Goiri. Bonne chance dans la pelletée des nuages.
La revue FPM est en vente au prix doux de sept euros, sur le site ou à la commande chez votre libraire. Courez-y vite, avant qu'elle file !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire