Comme tous les humains depuis les
commencements, Maria José Passos aime raconter des histoires. Elle ouvre son
chemin le long des berges et des côtes où gisent de vieux bois malmenés par les
tempêtes après les marées d’hiver. Elle se perd dans les dédales sombres
et lumineux de sa ville, recueille toutes sortes de choses oubliées à l’entour
des chantiers, des décharges, des ruines
où le regard de l’artiste se plaît à farfouiller.
« Je vis près de la mer, d’une
église et d’un cimetière où j’ai l’habitude de me promener et je me prends à
regarder les photos sur les tombes… Mon atelier est plein de ce que je
rencontre : poupées démembrées, restes de chaussures et de bateaux,
ferrailles rouillées… », écrit Maria José Passos sur l’affiche de son exposition
Contaram-me histórias/ Ils me racontaient des histoires à la galerie Geraldes da Silva à Porto.
La sculpture-qui-raconte de Maria
José Passos peut s’apparenter à l’arte povera de Mario Merz. Les morceaux de
céramique assemblés avec des branchages jaillissant des corps ou des cerveaux
témoignent que les histoires sont parfois des fleuves intranquilles. Le
tragique s’installe souvent à côté du naïf. La solitude et le silence
recouvrent parfois le bruissement de la langue. La parole suffoquée voire
interdite est également suggérée dans certaines installations. Une clé couture
ici les lèvres, et là, aux pieds d’un enfant épinglé dans sa marche, des
carabines rappellent l’oppression de toujours.
L’œuvre ci-contre évoque peut-être le
charroi féérique des enfances. Quelle est donc cette figure-oiseau tendue vers
un cerceau ? Mais on aperçoit dans les roues, pauvres Sisyphe, ces
condamnés à mouvoir l’attelage du monde, à moins qu’il ne s’agisse de trublions
facétieux, qui vont à hue et à dia…
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