" Las ! Les jours et les heures de mon passé s'en retournent bredouilles et ne rapportent ni visages ni personnages. Ceux que j'ai invoqués ne veulent pas venir, ils ont tous disparu de ma mémoire, ils ne m'ont rien laissé que l'écho de leur nom. Et ma vie elle-même a pâli, je n'y retrouve même plus mon propre visage."
Franz Grumbach, prince luthérien déchu suit comme un fantôme l'armée du très catholique Charles Quint et participe au massacre de ses frères allemands.
Autrefois, pourtant, dans le nouveau monde où Cortez et le duc de Mendoza semaient la terreur, il nourrissait d'immenses projets qui changeraient la face de l'univers. Mais il ne disposait que de trois balles dans son arquebuse. Une pour le duc de Mendoza, son demi-frère. Une autre pour Cortez. La dernière pour l'empereur.
Hantée par la perspective de voir le trésor de Montezuma aux mains du félon, la haine de Grumbach sombre dans la folie. Le Diable lui-même s'en effraie et s'enfuit. La belle Dalila prend aussi la fuite quand elle découvre le visage défiguré du possédé. L'amour n'aura pas lieu. Trop de cruautés jusque dans le paysage dont les fièvres sont sans rémission quand le lierre vert se déchaîne...
Ce premier roman de Leo Perutz contemporain de Kafka, (les deux écrivains travaillèrent un temps dans la même compagnie d'assurances), n'est pas un roman d'aventures. C'est une immersion qualifiée parfois de baroque dans les chimères des personnages. Les chimères de leurs désirs inassouvis, de leurs croyances païennes et religieuses, de leurs tudesqueries. Avec des notations qui relèvent de la littérature fantastique. On peut aussi rapprocher ce roman du film Aguirre, la colère des Dieux de Werner Herzog.
La troisième balle de Leo Perutz est disponible en livre de poche, collection biblio.
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