Rien
n'est encore là. Pas même la question de ce qui pourrait advenir. On continue
le travail entrepris dans la langueur du jour. Au jardin ou sur la page, c'est
pareil. Une affaire de sillons à traverser. Avec des ombres et des lumières
qu'on ne force plus depuis longtemps. Un chat passe au loin. Une rumeur gémit
le long d'un mur. Tenir le chat et la rumeur au fil de l'ennui. Inventer pour
ne pas dormir un menu peuple d'insectes dans la terre qu'il faudrait retourner.
Griffonner sur la page des signes auxquels on renonce déjà. Le poème est rétif
aujourd'hui comme hier. Nous portons en nous trop de solitude pour qu'il
vienne.
Puis.
Quelque
chose.
On
le sent sur la peau. Une pression à peine. Dans une lenteur qui réussit encore
à nous surprendre. L'impression que cela s'étend, pourrait faire tache si nous
avions la pleine conscience du corps engourdi. On suspend les gestes du
travail. On cherche à écouter sans savoir où ni comment. On pose des yeux
maladroits sur le morceau de peau qui a frémi. On ne comprend pas. Le chat,
peut-être, saurait. En sa simplicité de chat. Le mur même, en fin connaisseur
des limites, ferait mieux que nous le partage du dedans et du dehors.
Mais
cela déjà s'en va.
Reste
un petit bout de peau semblable à tous les autres petits bouts de peau. A-t-il
seulement rougi ? Un peu de sueur en a-t-il ralenti un moment la respiration ?
Ou est-ce la mort en nous qui a tressailli ?
Pour
qu'on ne l'oublie pas.
(J'ai retrouvé ce texticule. Je ne sais plus quand je l'ai écrit ni pourquoi. Un bout de peau. Un copeau. Voilà ce que c'est. Peu.)
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