La nécessité de
l'effacement. Devant le poème et dans lui. Il ne peut sinon prendre sa place.
L'occuper. Il en va de même pour la vie ordinaire. On essaie d'effacer tout ce qui
pourrait l'empêcher de traverser. Mais de quoi est fait ce tout ? Quelle table
des matières saurait en nommer les éléments ?
*
On retrouve en écrivant le
souvenir d'un séjour au pied d'une montagne. Quelques maisons de bois autour
d'un étang. Quelques griffures d'herbes hautes où le vent coupait les chants
d'oiseaux. Le bord d'une forêt gommé par les brumes. On avait à peine la
sensation du paysage. On ne faisait pas de métaphores pour désigner le haut et
le bas.
*
L'ignorance, toujours.
Nichée dans la fatigue des gestes.
*
On se retrouve devant les
livres contre le mur. Des ombres glissent. Des murmures traversent l'espace
aboli. Une toux venue de la chambre bat le rappel du corps. Sa présence à
déplier avec ce qui reste de mémoire. Quand l'autre souffre entre les draps.
On ne sait pas encore la
fièvre qu'on mettra à l'écrire.
*
On se détourne lentement des
anciennes dilections littéraires. On répudie les tapages surréalistes. On ne
cherche plus sous les jupes du manifeste électrique. Aller au plus près. Au
plus juste. Au plus nu.
Avec des mots pauvres.
*
L'âge vient où on se met à
relire. Celui qui a choisi d'être relu.
*
La fatigue d'être l'autre
commence à poindre sous les mots. On ne peut rien contre le partage de la
douleur. On se tient en défaut avec des gestes qui viennent mal. La poésie non
plus ne sait pas où se mettre.
Elle attend.
Mais quoi ?
*
La vie, parfois, va un peu
moins comme elle va. D'anciennes langueurs, qui s'étaient tues, brouillent les
signes des enfances. On ne retrouve plus les lieux sûrs du chemin. L'horizon
même pèse sur les pas. Pour un peu, on renoncerait à écrire.
*
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