Les éditions Aux cailloux des chemins ont rassemblé sous un coffret intitulé Avec issue possible les douze premiers auteurs de la collection Feuillets de nuits. Le principe ici à l'œuvre est celui du ricochet. Chaque auteur désigne celui qui voudra bien lui succéder. Ainsi, en 2022, Brigitte Giraud a proposé à Frédérique Germanaud qui a proposé à Sébastien Ménard qui a proposé à Sandrine Cnudde. Puis ont ricoché de même 4 poètes en 2023 et 2024.
L'étang de l'étant résistant aux eaux troubles sous l'azur, l'aventure n'a pas fini de s'étendre et le lecteur se réjouit de la diversité des écritures, de la conversation qu'elles entretiennent. Aussi concevons-nous les extraits qui suivent comme un dialogue sur la grande scène des représentations.
Brigitte Giraud : En ville, il y avait foule. La pluie et les hommes dedans. Les déplacements des corps comme preuve que nous existons.
Frédérique Germanaud : Ça cicatrise dedans ça bourgeonne dehors je ne souhaite rien d'autre que d'habiter un cœur de laitue.
Sébastien Ménard : Il y a sans doute une façon de prendre soin de soi, des autres, de tout ce que nos langues ne peuvent embrasser.
Sandrine Cnudde : Comme au spectacle on raccommoderait tous les chevaux suintants tous les cerveaux chouinants de la guerre de cent ans aux tranchées de quatorze.
Guillaume Boppe : Comment l'être froid préposé au souvenir se précipite, comment ? C'est l'ivresse et le temps qui s'en mêlent.
Armand Dupuy : Parce que les reflets qui n'en sont pas, ces taches, ces stries, ces zones étranges sont au monde mieux que le buste, les jambes ou les bras.
Laura Tirandaz : Que d'effort en solitaire, quelle rigueur pour ne pas se laisser écœurer avant la chute sous la table.
Nicolas Grégoire : Nos ombres cheminent se lient et se délient à travers nos désastres.
Aurélien Dony : Nos corps avant les mots nous le disons souvent de peur de s'empâter dans le vers érotique.
Lisette Lombe : Nous serons territoires vastes, cartographie de l'éros en lisière du réel.
Camille Coomans : Alors j'avale j'absorbe j'engloutis les courts instants où plus rien ne tord, plus rien ne transperce.
Robin Bonenfant : Et si les cauchemars deviennent réalité, c'est que l'espoir lui est encore là aussi, qu'il est juste temps de se lever.
Et voilà comme l'humain, si incertain, se dit et se dédit, se fait et se défait, petit caillou dans les immensités. Les titres mêmes de ces feuillets souvent accompagnés d'une photographie l'écrivent aussi. Les voici, dans l'ordre des ricochets :
Ainsi nous avons su
Se mettre à table
Sauf la poésie
Là où les enfants fabriquent les chansons en os d'animaux marins
Feu deuxième vertu
tableau, tableautin, légère croûte
Sadegh
La main au bord du geste
Chardonnerets
Toujours je te taquinerai
Et tout est fait
Tu as trouvé le cœur pour me sourire
Avec issue possible du collectif Feuillets de nuits des éditions Aux cailloux des chemins coûte 14 €.
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