Rien n'est plus délicat que de construire une anthologie. Robert Giroux, de la revue Moebius, Danny-Marc et Jean-Luc Maxence de la revue Les cahiers du sens nous proposent la leur. La France et le Québec réunis dans un même volume appelé à naviguer par-delà les parapets, voilà une excellente idée. Nous ne connaissons pas la poésie qui s'écrit aujourd'hui dans les "arpents de neige" que dédaignait Voltaire. Les Québécois nous ignorent tout autant. Fasse que cette anthologie rapproche nos deux mondes, l'ancien et le nouveau.
Voici quelques extraits butinés dans la réserve canadienne :
" D'un coup de langue
Le dépôt des heures
Avec la lettre
Pour rosée
Tu décharges le jour
Seconde après seconde
Tu demandes la faute
Un exercice un peu plus nu
Devant la glace"
Martine Audet
" Il y a des jours
où les choses me nomment
comme des pierres que je soulève
tu continues le poème
et la cérémonie de l'être."
Michel Côté
" De dos je suis un épouvantail d'enfant, de face un oeil qui ne veut pas comprendre. On m'a dit écrasé, rabattu, semelle et brique, plaque du déshonneur. Mais mon corps est simple et franc et mon nom a l'odeur d'un siècle d'oiseau. Je suis fait de cuivre et de voyages, de vérités qui connaissent le feu. Comme une phrase de violon, j'apprends à disparaître. Je suis de l'école des lumières qui patientent."
Benoit Jutras
" Il faudrait un grand lit de silence. On serait seul avec les ombres, les roches de l'enfance, les boisés dont les arbres se baignaient dans l'eau des dernières neiges, les chiens de plage et les chevaux de rue. On serait tout passé, toute mémoire abat-jour, toute veille pour traverser la nuit d'hiver. Où se trouve-t-il, ce grand lit de silence ?"
Pierre Nepveu
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