La dixième livraison de la collection " poètes trop effacés " aux éditions Le Nouvel Athanor est consacrée à Gérard Engelbach. Jean-Luc Maxence évoque dans le portrait de cet auteur effectivement méconnu, un sillage dans la mouvance d'André du Bouchet. Il ajoute : " Il y a toujours de l'interprétation picturale chez Gérard Engelbach, un goût omniprésent de l'image, une volonté farouche de tout rassembler dans la paume de l'essentiel, un art de répertorier l'insolite... "
Un choix de poèmes depuis la fin des années soixante jusqu'à nos jours offre au lecteur une déambulation dans cette oeuvre lumineuse, parfois mystique.
Vous entrerez dans la maison des champs,
Vous ne parlerez pas.
Encore un été dans la touffeur des cheveux !
Les bêtes du couchant bougeront dans vos yeux,
Vous ne parlerez pas.
Quelque part un peu du temps s'effrite.
*
Des morts chuintaient parmi les vaisseliers,
Nous attendions un signe sur le mur :
Vagues hautes sur la lande, happant, mordant,
Ne laissant rien
Qu'une main pendue au toit.
Plus tard viendraient la longue averse,
Les fruits nus ramassés en courant,
Le rauque cri de guerre,
Le fabuleux désordre.
*
Si lointains biefs, si lointaines écluses,
Les Flamands jouent aux cartes, c'est l'été,
L'eau décisive, les trains brumeux du soir.
*
L'enfant sur le perron,
Ses lèvres qui remuent
Et la pensée gravit les ondes
Loin des vallons connus,
Des haies, des boulodromes.
Le soir, le soir têtu, le réchauffe.
*
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