Je lis souvent, ici et là, des articles sur les problèmes de société dont les auteurs ne parviennent pas à se déprendre de leur corpus (devrait-on dire "logiciel" ?) idéologique. Comment une pensée peut-elle construire un édifice critique lisible dès lors qu'elle demeure lestée par des a priori partisans ? Si les conditions de son affranchissement ne sont pas réunies, comment peut-elle utiliser les outils anthropologiques, sociologiques, économiques, philosophiques même, sans sombrer dans la simplification ou le réductionnisme ?
Je n'ignore pas qu'il est impossible de s'abstraire complètement des contextes dans lesquels s'organise une réflexion. Tout individu est le produit de son histoire et de l'histoire, de son groupe d'appartenance, de ses représentations culturelles, de ses perceptions et de ses émotions, de ses convictions forgées au fil des expériences.
Je n'échappe évidemment pas à cette règle. Je souhaite cependant ouvrir avec ces lignes un chantier d'élucidation. Tâche ô combien difficile et prétentieuse ! Ma culture à peu près exclusivement littéraire saura-t-elle me guider sur le chemin de l'indispensable rigueur dans l'analyse ?
Le désarroi dans lequel se trouvent les sociétés contemporaines m'incite à l'aventure. Le paradigme du grand divorce me semble pertinent dans ses possibles déclinaisons pour circonscrire le réel que nous vivons aujourd'hui. Je vais rédiger une série d'articles qui reprendra chacune de celles que j'aurai repérées. En espérant qu'il se trouvera quelques lecteurs dont la sagacité pourra me servir de fanal.
Voici, donc, et non encore agencées, quelques-unes de ces déclinaisons :
- Le grand divorce des peuples d'avec les politiques
- Le grand divorce des peuples d'avec les élites intellectuelles
- Le grand divorce des peuples d'avec les institutions
- Le grand divorce des peuples d'avec la démocratie
- Le grand divorce des peuples d'avec la mémoire historique
- Le grand divorce des peuples d'avec la solidarité humaine
- Le grand divorce des peuples d'avec la culture
- Le grand divorce des peuples d'avec la langue
- Le grand divorce des peuples d'avec eux-mêmes
...
Cette série d'articles pourrait être ainsi sous-titrée : En quoi avons-nous encore confiance ?
Et c'est bien de ce ciment-là qu'il s'agit, du ciment de la confiance qui assure la cohésion, la solidité d'un ensemble social. De ses lézardes sans cesse creusées pourrait naître le grand chaos. Souhaitons qu'il ne soit pas trop tard...
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