Dans une dizaine de jours, c'est la rentrée scolaire. Je ne la ferai pas. Je serai à la retraite. Je me retourne sur le chemin parcouru. Depuis la fin des années soixante-dix jusqu'à au mois de juin dernier, près d'un millier d'enfants de six à douze ans auront vécu mes "leçons d'ignorance". Je me souviens de quelques dizaines d'entre eux. Certains, moins nombreux, restent plus proches dans ma mémoire. Cette proximité ne tient pas aux résultats scolaires mais aux personnes. Un élève n'est pas qu'un élève. Il demeure avant tout un enfant. Souriant ou boudeur, calme ou énervé. Un humain quoi ! Qui a pu se lever foutraque. Qui n'a peut-être pas bien digéré son bol de céréales parce que sa mère n'était pas dans son assiette et qu'elle a crié. Un humain dans la vie ordinaire. Je n'ai jamais réduit les élèves à des grilles d'évaluation sur lesquelles on coche des cases improbables. Je me suis toujours adressé à ces humains de la vie ordinaire.
Aujourd'hui, je leur dis merci. A tous car ils m'ont tous appris. Ils m'ont appris ce que je croyais savoir déjà par le regard qu'ils ont porté sur ce savoir et qui a pu modifier mes perceptions. Faites parler librement une classe sur une oeuvre et vous ne la verrez plus jamais de la même façon. Mais c'est en deçà et au-delà du savoir que j'ai appris de vous, mes chers enfants. Appris sur moi d'abord. Un enseignant n'est pas une machine. Il lui arrive aussi de se lever du mauvais pied, de se laisser déborder par ses soucis domestiques. Comment résiste-t-il aux contingences et jusqu'à quel point ? Quelles sont les certitudes qu'il garde et celles qu'il abandonne chemin faisant ? A-t-il, ou pas, une capacité à changer d'attitude selon le miroir qui lui est tendu ? Questions ô combien difficiles quand le miroir a vingt-cinq ou trente facettes. Il s'agit bien d'un apprentissage en profondeur de ce qui est et de ce qui manque pour continuer son travail d'humain. Ensuite, vous m'avez appris sur l'enfance. L'enfance des années soixante-dix n'est pas celle des années deux mille. N'est pas non plus celle qui m'a été donnée. Avec cependant des récurrences dans la singularité, qui touchent à l'universel.
Mon ancien maître, René Fontroubade, au crépuscule de sa vie, maintenait qu'il avait exercé le plus beau métier du monde. Cela ne se dit plus guère. La mission a perdu sa visibilité. L'esprit de Jean Zay et son désir de culture pour tous ont cessé depuis longtemps d'éclairer la voie. Mais les enfants demeurent, dociles ou trublions, dans leur désir de vivre. Et c'est ce désir-là qu'il faut entretenir pour aborder les rivages infinis de la connaissance. Ce désir pétri d'émotions, de sentiments, de rêves, d'histoires. Ce désir qui est partout le même en territoire humain. Qui résiste. Il n'existe pas de désir sans résistance, avérée ou opaque. Au nom de ce désir-là, chers enfants, je vous le redis : merci.
Aujourd'hui, je leur dis merci. A tous car ils m'ont tous appris. Ils m'ont appris ce que je croyais savoir déjà par le regard qu'ils ont porté sur ce savoir et qui a pu modifier mes perceptions. Faites parler librement une classe sur une oeuvre et vous ne la verrez plus jamais de la même façon. Mais c'est en deçà et au-delà du savoir que j'ai appris de vous, mes chers enfants. Appris sur moi d'abord. Un enseignant n'est pas une machine. Il lui arrive aussi de se lever du mauvais pied, de se laisser déborder par ses soucis domestiques. Comment résiste-t-il aux contingences et jusqu'à quel point ? Quelles sont les certitudes qu'il garde et celles qu'il abandonne chemin faisant ? A-t-il, ou pas, une capacité à changer d'attitude selon le miroir qui lui est tendu ? Questions ô combien difficiles quand le miroir a vingt-cinq ou trente facettes. Il s'agit bien d'un apprentissage en profondeur de ce qui est et de ce qui manque pour continuer son travail d'humain. Ensuite, vous m'avez appris sur l'enfance. L'enfance des années soixante-dix n'est pas celle des années deux mille. N'est pas non plus celle qui m'a été donnée. Avec cependant des récurrences dans la singularité, qui touchent à l'universel.
Mon ancien maître, René Fontroubade, au crépuscule de sa vie, maintenait qu'il avait exercé le plus beau métier du monde. Cela ne se dit plus guère. La mission a perdu sa visibilité. L'esprit de Jean Zay et son désir de culture pour tous ont cessé depuis longtemps d'éclairer la voie. Mais les enfants demeurent, dociles ou trublions, dans leur désir de vivre. Et c'est ce désir-là qu'il faut entretenir pour aborder les rivages infinis de la connaissance. Ce désir pétri d'émotions, de sentiments, de rêves, d'histoires. Ce désir qui est partout le même en territoire humain. Qui résiste. Il n'existe pas de désir sans résistance, avérée ou opaque. Au nom de ce désir-là, chers enfants, je vous le redis : merci.
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