Au début du livre, évoquant Le mur invisible de Marlen Haushofer, elle offre au lecteur un exercice apparenté à la littérature comparée :
" Comme moi, la narratrice s'est cognée au ciel, à des cloisons immatérielles, a tenté de faire tomber des murs qu'elle était seule à voir, a crié sans se faire entendre. Puis s'est raccrochée aux mots, usant son unique crayon et recommençant chaque matin à donner cohérence au monde absurde. Faire barrage au néant... Les coïncidences se multiplient à chaque lecture et faussent la perspective de ma propre histoire, substituant la fiction à la réalité."
Cela dit, catastrophe ou pas catastrophe, avant ou après le "Lundi noir", (mais pas pendant), vous rencontrerez un psychiatre et sa petite fille qui enferment de faux oiseaux en papier dans de vraies cages en bois... tout en tournant le dos au ciel de la baie vitrée... Vous croiserez aussi la figure de l'amoureux, (minuscule et majuscule), lequel envoie à la femme quittée des Polaroïd annotés au stylo sur un banc à New York. Mais ne cherchez pas à savoir comment et où ce couple éphémère s'est constitué. Vous n'y parviendrez pas. D'autres personnages passent, incertains tout autant, qui pourraient brûler comme le bonhomme-hiver carnavalesque de la scène inaugurale. Un artiste performeur, quelques inconnus de rencontre dans la friche, taiseux. Un chien mort.
Courir à l'aube de Frédérique Germanaud est publié aux éditions La clé à molette pour la somme de quatorze euros. Mille bravos à cet auteur et à son éditeur.
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