Les premiers pas des revues littéraires sont toujours émouvants. Le chemin, sur la page et dans les marges, hésite autant qu'il se précise, s'affirme dans son tâtonnement même.
La revue toulousaine Vol, née au début de cette année, "s'annonce pour l'instant bimestrielle" et "sans thèmes prédéfinis". Abel Kabach et Hervé Gouault, en compagnie de Christine Saint-Geours et Cendres Lavy, convient les auteurs et les illustrateurs "à créer sur plusieurs numéros". C'est le cas de Charles Pennequin, connu notamment pour ses improvisations sonores.
En quatre numéros, (de zéro à trois), des voix de toutes les tessitures, chuintantes comme grinçantes, prennent à bras le corps "l'incurable retard des mots"*.
"Nous ne savons plus lire l'intrigue des choses ni croiser les visages de nos histoires", écrit Abel Kabach, cependant qu'Hervé Gouault s'interroge : "ton monde est-il aussi un château de cartes ?"
Ce pourrait être là comme une profession de foi de la revue : tenter d'élucider ce qui échappe dans un monde de plus en plus incertain.
Au cours des parutions, le lecteur chemine avec Stéphane Bernard et Brigitte Giraud, Fabrice Farre et Murièle Modély, Marc Sastre et Claire Massart... Dans la livraison d'octobre, c'est Jazz, sept ans, qui allume la lumière : "Laisse-moi / croire encore un peu / qu'un jour on pourra / accrocher les météorites / à nos jambes de pierre". La poésie égyptienne y est présente avec Mohsen Elblasy et la performeuse "motsicienne" Râjel nous offre ses "commotions organiques".
Du côté des illustrations, des encres de Sophie Brassart côtoient les sinuosités printanières d'éta-K, (n°1), les noir et blanc très prononcés d'Hélène Bautista s'invitent dans les conversations grises de Cendres Lavy, (n°2), et le corps penché de Sandrine Arakélian, hanté par des pétales carnivores, interroge le corps rayé-tronqué de Valentina Chambrin, (n°3).
Extraits ultra brefs :
De ces années égarées, je me demande souvent ce qu'il en restera. Des frissons, des images avalées, un dialogue persistant avec le plâtre. (Hervé Gouault)
*
Il suffit parfois d'ouvrir la fenêtre,
de tourner mes épaules comme des gonds. (Christophe Sanchez)
*
il n'y a rien à comprendre mais quand même
vous aimeriez bien pleurer la glace qui bloque votre
for intérieur (Heptanes Fraxion)
*
La tapisserie se décolle et montre la chair pourrie des murs
pour l'instant on peut dire qu'il n'y a pas de problème
la terre est toujours sous mes pieds (Cédric Soubrouillard)
*
Et les oiseaux seront témoins
De la blessure des papillons
Dans le giron des roses. (Hafid Saïdi)
*
La revue Vol, 32 pages, imprimée sur papier recyclé, est accessible au prix modique de 4 €. Vous pouvez la commander à l'adresse suivante volrevuvol@gmail.com en ajoutant une somme laissée à votre discrétion pour les frais de port.
* Citation d'Alain Jouffroy
Image 1 Valentina Chambrin
Image 2 Sandrine Arakélian
Image 1 Valentina Chambrin
Image 2 Sandrine Arakélian
Je découvre ton article, fouillé, riche, fort, MERCI VRAIMENT !
RépondreSupprimerA très bientôt !
Signé, Hervé G.
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