Brigitte Giraud dit que son paysage poétique est avant tout urbain. " La ville est aussi un corps. Le corps des gens, le mien dans le corps de la ville." Et il y a la mer aussi, qui lui rappelle le souvenir réinventé de ses premiers pas sur les plages d'Oran. Autant de résonances que Sète en Méditerranée fait resurgir.
Le lundi 26 juillet, sous le regard bienveillant de la poète italienne Viviane Ciampi, elle a improvisé un dialogue fécond avec Laurent Sastre, joueur de handpan. Il s'agit là d'un instrument délicat aux notes souvent cristallines, en harmonie avec tous les mouvements de la danse libre. Emus, le musicien et la poète ont envisagé de se revoir à Bordeaux pour un autre duo des notes et des mots.
Le lendemain, dans la cour du Seamen's club quai du Maroc, Brigitte Giraud a longuement bavardé avec un marinier passionné, ancien scaphandrier et sauveteur bénévole qui a rencontré plusieurs fois Brassens. Il a raconté les risques du métier qui l'ont conduit deux fois au bord de la mort et rappelé que la mer est toujours la plus forte, quelle que soit la technologie embarquée. Il a aussi évoqué les superstitions
qui perdurent. Hors de question, par exemple, qu'un lapin, rongeur trop gourmand du bois des coques, monte sur un bateau. Cette rencontre, animée par le poète Emmanuel Damon, fut l'une des plus belles du festival.
Le mercredi 28, jour de marché et d'embouteillages à Sète, Brigitte Giraud faillit arriver en retard à l'atelier d'écriture animé par Claude Muslin et l'association Filomer sur la place du Pouffre où les éditeurs tiennent leur stand sous des tentes quasi bédouines. Les 14 participants tombèrent sous le charme et l'humilité de la belle Bordelaise. Elle sait, comme René Char, que "les mots savent de nous des choses que nous ignorons d'eux".
Puis, à la chandelle de la nuit dans la rue des Trois journées, Luc Vidal présenta en termes lyriques l'univers de Brigitte Giraud. Renzo Ruggiero, joueur de nyckelharpa, improvisa des morceaux parfois proches de la déchirure qui surent donner à la voix de la poète des matités plus graves. A mi parcours de ce beau festival porté avec ténacité par Maïthé Vallès-Bled et ses équipes, encore une rencontre émouvante devant une cinquantaine de personnes suspendues dans l'instant.
Photo de Brigitte Giraud regardant des remuements lointains
Photo du marinier-scaphandrier quai du Maroc
(à suivre)
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