A Sète, poète ou pas poète, il messied d'avoir le mollet trop mollet. La ville est pentue. Dans les jardins du musée Paul-Valéry, on a la tête dans les nuages et... les jambes dans les maringouins. Claudia Christiansen, assise en tailleur sur l'estrade, lia avec bonheur ses notes presque silencieuses aux mots de Brigitte Giraud. Danoise ayant vécu en Argentine où elle accompagna Mercedes Sosa, elle chanta aussi en grec à la demande du public.
Puis ce fut,
déjà, le vendredi 30 juillet. Josyane de Jesus-Bergey présenta, parmi d'autres, Brigitte Giraud et Sabine Venaruzzo. Cette jeune poète imprécatrice enfila des gants de boxe et s'enveloppa dans une tunique rouge pour brutaliser la langue, avant une étreinte émouvante avec Hamid Tabouchi venu d'Alger.
Le lendemain, dernier jour du festival, Guy Allix et Brigitte Giraud croisèrent leurs vers dans la cour du temple protestant de la rue Maurice Clavel, sous l'ombre attendrie d'un olivier multiséculaire.
Et le vent se leva. Electrisa la pluie sur le kiosque de la place Aristide-Briand. Le ciel, sans doute, aurait voulu que la fête continue. Il fallut aider la violoncelliste Catherine Warnier dont les partitions souhaitaient prendre le large. La jeune Espagnole chargée du son s'inquiétait pour ses appareils qui craignent l'eau. Quelques SDF un peu bruyants acceptèrent de parler plus bas et ce moment fut réussi comme les autres.Enfin, la soirée de clôture dut affronter un froid de gabian et même les palmiers s'en émurent. Le public, environ 300 personnes, se clairsema au bout d'une heure. Mais la ferveur a tenu le coup. Serge Pey, Sapho, Wafae Ababou, Zahra Mroueh, Rim Battal, Sabine Venaruzzo et Brigitte Giraud ont su composer avec les éléments déchaînés.
La joyeuse troupe des preneuses de son, sous la houlette de Claudia Christiansen, a chanté Guantanamera et Maïthé Vallès-Bled a reçu des mains de Guy Allix un bouquet de fleurs ainsi que des applaudissements plus que mérités.
Ce festival des Voix Vives 2021 a été aussi marqué par de nombreuses rencontres. Pierre Rosin, passeur de poésie à Poitiers et de pacalo bien frais, Luc Vidal des éditions du Petit Véhicule et admirateur de René Guy Cadou, Alain Gorius des éditions Al Manar ouvertes à toutes les langues de la Méditerranée et partenaires du festival, Carole Mesrobian animatrice de la revue numérique Recours au poème avec Marilyne Bertoncini et lectrice au Patio de la rue Bazille de son recueil Octobre, Josyane de Jesus-Bergey poète et animatrice qui résiste vaillamment à la fatigue, Saray Hernandez étudiante en linguistique en France et en Colombie.
Puis Christine, une amie d'Alain Gorius qui fut urbaniste et, tenez-vous bien, connaît par coeur plusieurs centaines de poèmes. Elle fréquente régulièrement la maison de la poésie à Paris et les Lectures sous l'arbre des éditions Cheyne à Chambon-sur-Lignon. Jaccottet et Gracq font partie de ses querencias, parmi d'autres. Alain Gorius, facétieux, l'appelle tendrement Fahrenheit 452...
Enfin, les amis Nathalie Séverin et Christophe Sanchez sont venus de Montpellier. Une journée agréable en leur compagnie et le Pic Saint-Loup succéda avec bonheur au pacalo. Même les frites gloussaient de plaisir.
Photo 1 : Les mots de Brigitte Giraud claquent dans le vent
Photo 2 : Sabine Venaruzzo boxe la langue
Photo 3 : Catherine Warnier chuchote à l'ouïe du violoncelle
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