De plus en plus je comprends de moins en moins. Alors je repense au texte de Claude Lévi-Strauss, L'hologramme brisé. Le philosophe anthropologue avait 90 ans quand il l'a publié. Poignant. Quand le réel commence à se déchirer, les mots ne tardent pas à faire pareil. Je ne sais plus trop dans quelle langue je suis. Je comprends encore ce qu'on me dit mais de moins en moins ce qui se dit. Le vocabulaire ne véhicule plus d'histoire, seulement des bouts d'actualité périssables. La grammaire a la mollesse d'un poulpe. Je ne parviens plus tellement à m'en saisir. Autant dire que dans ces conditions, la pensée est trop liquide. Les concepts et leurs notions sont des déchets non recyclables. Alors je me rétrécis en tenant en joue mon point de disparition. Comme dans un roman de Kafka ou de Gombrowic, atermoyant sans cesse entre réalités flasques et réalités dures. Voilà. C'est tout et c'est rien. Je garde l'élégance du rire. Qui me tient encore ensemble.
Ps : Ce Shake eat oeuf illustre au mieux mon propos désemparé.
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