La connaissance et…
La
connaissance définit pour une grande part l’idéal philosophique. Mais par quels
moyens peut-on connaître et dans quelles limites ? Faut-il plutôt insister
sur le plaisir de connaître ou sur les efforts exigés ?
La
connaissance pour élaborer la réalité :
La
connaissance est à la fois l’acte par lequel la pensée élabore une représentation vraie et justifiée de la réalité. Cette
représentation est elle-même une connaissance. Platon et Aristote la
considèrent comme le plaisir le plus pur car elle rapproche les hommes du
secret des dieux.
Mais
connaître est-il possible ? Le
dogmatisme l’affirme, quitte à s’enfermer dans des rigidités
intellectuelles : La vérité existe et peut donc être connue. Le scepticisme,
fondé sur le doute, considère que la
vérité n’est pas à notre portée.
Les
facultés de connaître :
L’empirisme
voit la source de nos connaissances dans l’expérience
que l’on fait et le rationalisme
invoque les idées forgées par la raison.
Finalement, l’idée d’une coopération entre la sensibilité (qui éprouve la
réalité) et l’entendement (qui tente de l’analyser) met en lien ces deux points
de vue.
Les
limites de la connaissance :
L’esprit
humain ne peut tout connaître. Dans la Critique
de la raison pure, Kant limite le champ du savoir en distinguant connaissance et pensée. Pour la phénoménologie, la connaissance objective décrit ce qui
apparaît aux sens et l’expérience vécue.
… Désir de vérité
Pour
Aristote, le désir de connaissance naît
de l’étonnement devant les objets proches (physique, biologie) et les plus
lointains (astronomie, théologie). La connaissance est voulue pour elle-même,
est en elle-même désirable et comble la partie la plus élevée de l’esprit, la
raison.
Mais la connaissance a aussi des
fins utilitaires. Socrate raconte que Thalès tomba dans
un puits alors qu’il observait les étoiles. Il avait oublié ce qu’il y avait
sous ses pieds.
Bacon
considère que toute connaissance est une connaissance par les causes qui sont à
l’œuvre dans la nature et nous rend capables de produire des effets par la
technique. Descartes parle de
« nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature » et de
transformer la vie des hommes au point de supprimer, un jour, qui sait, le
travail et la mort.
Enfin,
en deçà du désir de vérité, la psychanalyse considère les motivations
inconscientes de la connaissance. La « pulsion de savoir »,
selon Freud, puise son énergie dans la curiosité sexuelle du petit enfant. Nietzsche, quant à lui, refuse d’y voir
l’expression d’un désir. Il y voit plutôt une crainte et même une certaine
angoisse devant l’étranger et l’inhabituel.
On
ne peut faire dériver la connaissance du seul désir de vérité. Le caractère
utilitaire de la connaissance nous en empêche. Il faudrait une enquête critique
sur les secrets de ce désir.
La
conscience et…
La
conscience est un savoir qui nous accompagne lorsque nous pensons. Elle nous
relie au monde, nous renseigne sur notre identité et permet de discerner le
bien du mal. Quelles sont ses fonctions et ses limites ?
Une
ouverture au monde :
Contrairement
aux choses, qui sont seulement dans le monde, l’homme est face au monde : il le connaît et le transforme. La
conscience introduit une séparation
entre le sujet qui pense et l’objet qui est pensé. Cette faculté d’ouvrir à
un dehors s’appelle l’intentionnalité.
Un
retour sur soi :
La
conscience peut aussi se prendre
elle-même pour objet. Elle devient
conscience réflexive. Le sujet peut faire son examen de conscience, s’observer
et se juger lui-même.
La
conscience instaure également une distance par rapport à soi-même. Elle permet
de conserver des images du passé et d’anticiper l’avenir. Elle est donc pour l’homme une
conscience du temps et de la mort.
Une
capacité morale :
Capable
de distinguer le bien et le mal, la
conscience s’oppose à l’instinct qui est une détermination naturelle. Dans
la Métaphysique des mœurs, Kant la
compare à une voix terrible qui ordonne de conformer nos actions à notre
devoir.
…Les
illusions
La
conscience amène les hommes à se croire maîtres de leurs désirs et de leur
conduite. Spinoza y voit une illusion
produite par l’ignorance. Les hommes ignorent les causes par lesquelles ils
sont déterminés et négligent l’influence d’éléments extérieurs sur leurs
désirs. « le bébé croit librement appéter (aimer) le lait, l’enfant en
colère croit vouloir la vengeance, et le peureux, la fuite ». Pour lui, la
conscience est seulement partielle.
Et
donc nous nous trompons. Descartes considère que l’erreur vient en général d’un défaut de méthode : nous devons
nous garder de juger de façon précipitée et bien examiner les choses. Il
prend l’exemple du bâton plongé dans l’eau et qui apparaît brisé à notre œil. Cette
illusion d’optique peut être corrigée par le raisonnement puisqu’elle peut
facilement être expliquée par un phénomène de réfraction. Ce sont là nos sens
qui nous trompent. Le jugement vrai reste possible grâce à un bon usage de la
pensée.
Mais la conscience peut aussi fabriquer
ses propres illusions… et prendre ses désirs pour la réalité.
Acquérir un point de vue plus lucide sur le monde et sur soi-même est cependant
possible. En accroissant par exemple la
connaissance objective (celle notamment, selon Marx, des rouages économiques
qui permettent d’avoir une vision plus claire de la société et par là de
soi-même. Le passage par une autre conscience dans le cadre d’une cure psychanalytique ou dans l’expérience
du quotidien occasionnent par le dialogue (avec un thérapeute ou un
ami) des remises en question nécessaires.
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