jeudi 6 avril 2023

Fiches de secours pour le bac philo 2023 (3)

 

La culture et...

La culture englobe toute activité ou production humaine. Transmise de génération en génération, elle définit notre identité au niveau des individus, des groupes sociaux, des nations et même de l’espèce humaine. Elle s’opposerait donc à ce qu’il y a de naturel, d’inné, voire de sauvage en l’homme. Pour certains, elle marque la rupture avec le règne animal. Pour d’autres, elle n’est qu’un vernis qui cache mal notre nature profonde.

La transformation de la nature par l’homme :

La culture est une réalité universelle qui comprend des productions matérielles (vêtements, outils, œuvres d’art…), intellectuelles (langues, idées…) et morales (habitudes, valeurs, croyances…) Elle se réfère aux éléments qui sont acquis, inventés ou créés par l’homme, puis transmis à travers les générations. Le phénomène culturel est donc au fondement de l’histoire humaine.

Un ensemble particulier d’institutions :

Dans une perspective sociologique ou ethnologique, la culture est un ensemble de pratiques propres à une société précise. La culture de la corrida en Espagne par exemple, celle du théâtre No au Japon… Ces différents systèmes culturels évoquent la notion de civilisation qui induit parfois une hiérarchie entre les cultures. Certaines seraient plus évoluées, « le ballet classique à Paris » par exemple, et d’autres plus barbares, « les danses africaines ». Danger de racisme.

Un développement individuel :

La culture désigne ici l’ensemble des connaissances acquises par un individu qui lui permet de développer ses idées, ses goûts, son jugement.

…La dénaturation de l’homme ?

Pour Jean-Jacques Rousseau, la faculté de se perfectionner, qui fait de l’homme un être de culture, l’éloigne de la nature et devient la source de tous ses malheurs.  L’homme « retombe plus bas que la bête » lorsqu’il oublie ou est privé de ce qu’il a acquis. Ne possédant plus l’instinct propre à l’animal, il est alors démuni. Et devient moins bon, voire mauvais. Les guerres, les crimes, l’esclavage en témoignent tout au long de l’histoire. Rousseau émet l’hypothèse que l’homme primitif est innocent.

Pour Edgar Morin, cette question n’est pas bonne. Les évolutions culturelles et anatomiques de notre espèce ont toujours été interdépendantes, les avancées des premières rendant à chaque fois possibles les secondes et réciproquement. L’espèce humaine se caractériserait donc par le changement et l’acquisition plutôt que par une nature stable et définie une fois pour toutes.

Et Jean-Paul Sartre ajoute que l’homme s’invente lui-même au gré de ses projets. Son existence seule le définit.

Difficile en tout cas de distinguer en nous ce qui relève de l’inné et de l’acquis.

Le devoir et…

Les parents doivent éduquer leurs enfants, le soldat fait son devoir en tuant des hommes et les citoyens doivent obéir à la loi. Le devoir désigne ici un principe d’action qui semble s’opposer au plaisir ou à la liberté. Mais aider un vieil homme à traverser la rue relève aussi du devoir. Dans ce cas, il nous semble que nous sommes libres de ne pas le faire. Nous le faisons car une voix intérieure nous y incite. D’où vient-elle ? Comment s’est-elle formée en nous ?

Un principe d’action :

Ce principe circonscrit mes obligations. Ce que je dois faire découle d’une loi ou d’un règlement qui détermine ma fonction ou mon statut. Par exemple, un fonctionnaire ne doit pas afficher ses opinions politiques ou religieuses. Cette obéissance fait-elle obstacle à notre liberté ? Le devoir est-il une nécessité, une contrainte ? Un citoyen reste libre d’obéir ou non à telle ou telle loi qui lui semble injuste. Mais de là à dire que le devoir s’adresse toujours à un être libre, le modeste rédacteur que je suis émet des doutes…

Une obligation morale :

Elle ne se réfère pas à un règlement ou à une loi mais au bien du point de vue moral. Mais comment la morale nous prescrit-elle ses obligations ? Sont-elles absolues ou seulement relatives ? Selon Kant, chacun peut découvrir ses devoirs absolus en écoutant sa raison.

… Le devoir d’aimer autrui

Dans les Evangiles, Jésus dit : « vous aimerez votre prochain comme vous-même. » Mais comment un sentiment peut-il faire l’objet d’un impératif ? Kant distingue l’amour qui n’émane pas de notre volonté et la bienveillance qui, elle, relève d’un acte volontaire. Efforcez-vous de faire du bien à autrui, que vous l’aimiez ou non.

Pouvons-nous cependant faire le bien indépendamment de notre sensibilité et de notre intérêt ? Dans Le Fondement de la morale, Schopenhauer soutient qu’aucun homme ne peut faire abstraction de sa sensibilité. La forme impérative prise par la morale n’appartient qu’à la morale théologique. Elle reste une abstraction vers laquelle rien ne nous attire.

Et pourtant des actes de justice et de charité existent. Ils ne proviennent pas d’une loi morale mais d’une intuition. Par-delà les siècles et les continents, les différences religieuses et culturelles, nous savons où est notre devoir. Car nous sommes capables de compassion, dit Rousseau qui voit là un « sentiment naturel ».

De la compassion seule découlent les devoirs de justice qui nous portent à ne pas vouloir nuire aux autres et les devoirs de charité qui nous portent à les aider. Le devoir n’est donc pas un principe d’action abstrait. Au contraire, nous en avons l’intuition immédiate sous la forme d’ « un acte dont la simple omission par moi cause à autrui un dommage, c’est-à-dire, lui fait injustice ».

Nous avons le devoir de compassion car il nous lie à l’ensemble des êtres vivants, en qui nous reconnaissons notre profonde identité, et que nous devons aider.

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