Benjamin Hopin, poète et musicien né en 1983, est lauréat du prix Créatures 2015 avec son recueil de poèmes aux vers souvent très brefs Territoires arpentés.
Il n'est pas fréquent qu'un auteur aussi jeune soit capable d'écrire avec une gomme, comme le conseillait Francis Ponge.
Territoires arpentés évoque les géographies du sensible dans l'en-deçà et le "hors frontières". La quête des royaumes promis par et dans la langue accompagne la marche. Des lignes de chemins, de rivages ou de landes, d'événements même, tracent des visages sans cesse repris au rythme incertain des mémoires. Toute matière est ici interrogée à coeur dans le creux des paumes ouvertes. Celle du silence. Celle de l'oubli.
Que restera-t-il de cet arpentage dans son obstination, dans son humilité lucide ? "Seulement du sel et un peu de vin", nous dit Benjamin Hopin.
Territoires arpentés est publié par les éditions Créatures et diffusé par The Book Edition au prix de 12 €.
Extraits :
Je vous ai voulus ivres de vie
Je vous ai tendu
Des bras aux liens dénoués
Sans épine
Sans fardeau
J'ai souhaité des corps véritables
Sans bagage dérisoire
Sans miroir vacillant
J'ai souhaité des images
Que je ne comprenais pas
Des images pour tout repeupler
*
Je marche en lâchant des oiseaux
Inconnaissables
Comme si je planais
Dans l'air qui me réclame
Le partage à portée de mes mots
Malgré les murs
Et l'ampleur de la pierre
*
Et quand nous serons devenus
Brume
Vent
Quand le miroitement de nos yeux
Sera aussi poli que des galets
Quand notre porte ouvrira
Sur cette rue du bout du monde
Où chacun sera réduit à voler
Son pain de sable blanc
Nous serons bercés
Du regret
De chacune de nos syllabes
Prononcées
*
Tu dis avoir arpenté
L'onde
Et n'avoir rien
Choisi que le ciel puisse
Te refuser
Mais tu as vu le rivage
Lacéré
Tu as vu le sang noir
Répandu
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