J'ai
envie de vous reparler de Raúl Nieto de la Torre. J'aime tant sa poésie que
j'ai traduit son premier livre avec l'aide d'Elvire Gomez-Vidal. L'ouvrage a
été édité en bilingue par les regrettées éditions Pleine Page et une
déambulation théâtralisée a été donnée au Musée d'Aquitaine à Bordeaux. Pour
mémoire, le livre s'appelle Pas perdus dans des rues vides.
Je
suis heureux d'avoir accompli ce travail à trois temps. Je suis un passeur et
j'aime ça. D'autant que Raúl est un homme qui suscite rapidement la sympathie.
Amateur de jambon et de foot, amoureux de sa belle Américaine Melissa et de
leur petit River fort coquinet, voilà un poète qui ne pontifie jamais, qui
demeure dans une langue à l'épreuve du simple. Si tous les docteurs en
littérature étaient comme lui, je signerais une paix éternelle avec les
universitaires.
J'ai
récemment retrouvé Raúl Nieto de la Torre à Madrid en compagnie de Luis Landero
et d'Elvire Gomez-Vidal qui va diriger un ouvrage consacré à ce romancier fort
considéré en Espagne et ailleurs. Le vin était délicieux. L'agneau de lait
mitonné au vinaigre succulent. Et les conversations se tenaient, gouleyantes et
joyeuses, autour de la Eurocopa, de Podemos, de toutes choses ordinaires qui
renforcent le sentiment d'être vivant.
La
littérature, en menus pas de danse, s'invita entre tintements de verres et
rires à carcajadas. De grandes figures furent évoquées, Marc Aurèle notamment,
et, oreilles tendues, je parvins à ne pas trop m'emmêler dans le fil des mots.
Alors,
comme lecture d'août à l'ombre et loin des tumultes, je vous propose quelques
extraits du recueil Los pozos del deseo, publié en 2013 par les éditions
Vitruvio. En écho aux poèmes, des notations de Melissa qui dit : "Je suis
beaucoup plus belle quand je suis amoureuse". "Je te demanderai
toujours plus que ce que tu peux me donner". Avec parfois des
interrogations plus crépusculaires.
La noche, sí.
Pero el deseo.
Pero el tiempo, que cumple sus promesas
como un verdugo honrado.
Y el pez rojo nadando en la pecera
de la memoria - Lucious se llamaba -
cuando no queda nadie en ningún cuarto.
La noche negra, sí.
Pero el amor.
Pero el deseo era amar lo irreparable,
escuchar ese grifo mal cerrado.
¿ A qué suena el silencio
de las habitaciones cuando no hay nadie,
no es como si quedase un ruido náufrago que no llegara a
hundirse,
mas tampoco a construir significados ?
*
Pongamos que hablo de la vida eterna
mientras tiro monedas a los pozos
del deseo, y solo algunos trozos
de mí mismo se salvan de esa tierna
manera de suicidio. Que rn los pozos
del deseo no existe vida eterna.
(Pongamos que escribir es una tierna
manera de juntar todos los trozos.)
Y sé que el agua de los pozos sabe
lo que no sabe el agua de los mares,
pues guarda su secreto bajo tierra.
Pongamos que hablo de forjar la llave
que ha de encerrar por siempre los pesares,
sin saber que con ellos nos encierra.
*
Pongo esta encina contra el cielo
oscuro. Poca cosa
mucho tiempo después
de la primera luz del día.
De ella nace este sentimiento
de ser quien yo soy por encima
de quien he sido.
A ella vuelvo, a ella doy.
Pongo la sombra retorcida,
la fortaleza de su cuerpo,
de su rugosa piel contra mi piel
mientras la noche aprieta los campos amarillos
como limones viejos.
Apenas quedan ramas por talar :
en las antiguas ramas, duermen pájaros
el sue᷈no de otro hombre.
La encina,
que conserva el perfume del olvido,
no sabe ya morir.
Je
cherche un traducteur très aguerri pour ce recueil. Je pense à Jacques Ancet. Je
pense aussi à Jean-Marc Undriener. Je sais que le second me lit parfois et
connaît bien le premier. J'aimerais que ce propos de chantier aboutisse. Raúl
Nieto de la Torre le mérite amplement et davantage encore.
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