vendredi 11 août 2017

Friedo Lampe, Orage de septembre

Résultat de recherche d'images pour "friedo lampe"Vu du ciel, le théâtre des hommes est un manège bien fragile. Surtout quand la scène est un werder, terrain gagné sur des eaux fluviales en Allemagne. Qu'une digue vienne à rompre et rien ne restera.
Le lecteur trouvera dans ce lieu à l'unité précaire un grand-père qui creuse la tombe d'une jeune femme assassinée, deux fillettes avec un cerf-volant nommé Jean qui rit-Jean qui pleure, un garçon aspirant à rejoindre une bande de garnements rêvant d'exploits, un écrivain, un organiste génial mais douteux..., une amoureuse déconfite. Quelques autres aussi, à tourner en rond dans le marigot des désirs avoués ou pas, des empêchements, de la fatalité.
Le roman Orage de septembre de Friedo Lampe fonctionne comme un kaléidoscope à virole, avec çà et là des bouffées de musique militaire. Et même les cygnes sur le lac ont le vol trébuchant des condamnés.

Résultat de recherche d'images pour "friedo lampe"Friedo Lampe, fusillé en 1945 à l'âge de quarante-cinq ans  par une patrouille russe qui le prenait pour un nazi, a échappé de justesse à l'oubli total. Il était un romantique très crépusculaire dans un corps de géant maladroit, rêvait de voyages au long cours mais, philosophe de l'immobile, détestait l'idée de se déplacer. Il aurait qui sait fui Berlin et suivi ses amis en exil s'il avait pu emporter sa bibliothèque et son piano...

Traduit de l'allemand par Eugène Badoux et préfacé par Daniel Rondeau, Orage de septembre a paru en 10/18 en 1987. Quelques nouvelles et récits complètent ce volume hélas épuisé.

jeudi 10 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre o

Résultat de recherche d'images pour "entonnoir"Obové, ée, adj. Qui a la forme d'un oeuf renversé, c'est-à-dire posé sur sa pointe.
(Avec une pensée pour le mélancolique Christophe Colomb, loin de toute terre habitée, et qui méditait fort sur les oeufs obovés quand le roulis remuait la bile noire.)

Occase, adj. f. Astron. Terme usité seulement dans la locution amplitude occase : arc de l'horizon compris entre le point où se couche un astre et l'occident vrai.
(Une amplitude occase dénote une aristocratie certaine alors qu'une 4RL d'occase sent la caque et l'impécune à donf !)

Oedipe, n. m. Zool. Variété de petits singes américains, de la famille des ouistitis.
(Tout psychanalyste devrait connaître cette homonymie. Il ferait moins le guignol avec ses mythes mités.)
Oligo-élément, n. m. Nom sous lequel on désigne aujourd'hui un certain nombre de substances chimiques qui se trouvent en très petites quantités dans les organismes vivants aux fonctions desquels elles sont indispensables ( bore, cuivre, iode, zinc...)
(La dictature du corps beau et fin ne tyrannisait pas encore les linottes adolescentes ou les cougars qui du reste n'étaient pas encore advenues. Oligo-élément était un terme strictement réservé à la communauté des biologistes, lesquels préféraient des rondeurs de bon aloi à des planches à repasser.)

Omnibus, n. m. Homme à tout faire dans un restaurant, un établissement public.
(De nombreux omnibus continuent de travailler à la SNCF. On comprend mieux pourquoi les trains sont de plus en plus souvent en retard, les omnibus ne sont jamais pressés.)

Ossec, n. m. Mar. Endroit de la cale d'un bâtiment où se rassemblent les eaux, au pied des pompes. 
(Paradoxal. Omouillé aurait mieux convenu !)

Oublie, n. f. Pâtisserie mince roulée en forme de cylindre ou de cornet.
(Une pensée pour Monsieur de Noblecourt qui les goûtait fort avec le jeune marquis de Ranreuil. Et merci à Jean-François Parot de nous régaler au long cours avec ses personnages.)

Ouche, n. f. Agric. Terrain voisin d'une maison et planté d'arbres fruitiers. II Bonne terre convenant aux cultures les plus variées.
(En Charente, je percevais les ouches comme des terrains au bord de l'eau et un peu à l'abandon.)

Ouiller, v. tr. Oenol. Ajouter du vin de même origine  à celui qui a diminué dans les tonneaux par suite de l'évaporation.
(J'ai bien connu, enfant, l'ouillette. C'était un petit entonnoir pour remplir des bouteilles de vin.)

Ouvrée, n. f. S'est dit de l'étendue de terre qu'un homme peut labourer en un jour.
(Ou journal bien sûr. Ouvrée est plus joli. Quand il en eut fini de son ouvrée, il s'allongea au bord du champ et se plut à roter pour effrayer les rossignols.)

Ovule, n. f. Genre de mollusques des mers chaudes, à belles coquilles ovoïdes.
(Etonnant. Voire terrorisant. Ce deuxième sens d'ovule pourrait traumatiser les parturientes et conduire à l'extinction de l'humanité.)

mardi 8 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre n

Résultat de recherche d'images pour "nain de jardin"Nanisme, n. m. Genre d'anomalie qui caractérise les nains.
(Dans les années soixante, les pesticides et les perturbateurs endocriniens ne dévastaient pas l'humanité. Les nains étaient moins nains et surtout moins répandus. D'autre part, à cette époque, les concours de lancers de nains n'avaient pas encore conquis les populations vaincues par l'ennui.)

Nèble, n. m. Agric. Brouillard du début de l'été, fort préjudiciable au blé.
(On peut considérer que le vocable espagnol neblina vient de ce nèble-là, à moins que ce soit l'inverse, en des temps antédiluviens très favorables au brouillard.)

Néphélomancie, n. f. Divination par l'inspection des nuages.
(Monsieur Christophe André, psychiatre positif et amateur de réflexologie, pourrait sous peu devenir néphélomancien et ouvrir un cabinet rue de Rivoli à Paris, à l'enseigne du nuage en peau de bite.)

Nice, adj. Simple par ignorance (terme vieilli).
(Eurêka ! J'ai enfin compris pourquoi les habitants et les habitantes de la ville de Nice votent massivement pour la famille Le Pen. Ils sont si nices ! )

Noie-chien, n. m. Petit bateau pour chasser le gibier d'eau (on dit aussi nègue-chien ou neigue-fol).
(Jean-Sébastien Grandet, notaire à Issoire, adorait chasser l'outarde et le faisan sur son noie-chien. Mais un jour, ayant soudain une fringale qui cisaillait son bas ventre, il cueillit un mort-de-froid, le goba et, pris de convulsions comme s'il était fol, se noya.)

Noumène, n. m. Philos. La chose en soi, telle qu'elle existe indépendamment de toute relation avec notre esprit. S'oppose à phénomène, qui est la chose saisie dans ses rapports avec la conscience et nos moyens de perception.
(Dans la mesure où je considère qu'aucune chose n'existe sans le regard posé sur elle, et avec le regard tous les autres sens qui instituent le phénomène, je déclare non avenue la pertinence du mot noumène.)

Nourrain, n. m. Fretin que l'on met dans un étang pour le repeupler.
(En Charente, existait le mot naurrain qui désignait un veau, le mot tore étant réservé à la génisse.)

dimanche 6 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre m

Résultat de recherche d'images pour "brigitte bardot"Macaronée, n. f. Littér. anc. Sorte de poésie burlesque, dans laquelle on fait entrer les mots de la langue vulgaire en leur donnant une terminaison latine.
(Voilà bien un exercice des plus plaisants à essayer avec l'argot contemporain. Swag donnerait swagum, meuf meufae...)

Madrague, n. f. Pêche. Engin fait de filets tendus sur des pieux pour capturer les thons en Méditerranée.
(Voilà bien un engin qui n'est pas infaillible. Le vieux thon de la Madrague bouge encore...)

Malegouverne, n. f. Avant-cour des anciens monastères, dans laquelle l'observance de la règle n'était pas de rigueur.
(Le prieur donnait en sa malegouverne rendez-vous à quelques ribaudes et pochardes qu'il adorait besogner en invoquant le nom du Seigneur. Mais les aspergesme de son vit manquaient tant de vigueur qu'il recourait prou aux loyaux services des simples.)

Maliforme, adj. Bot. Qui a la forme d'une pomme.
(Les syndicats de pommes cuites ou crues devraient manifester leur opposition à cet adjectif discriminant devant la Halde.)

Mariée, n. f. Entom. Nom vulgaire d'un papillon du genre des noctuelles, la lichénée rouge. II Chorég. Nom d'une ancienne danse figurée.
(La mariée, qui restait en noir, n'en était pas moins d'humeur à butiner les chevilles frétillantes de son danseur préféré quand son mari ronflait comme un sonneur.)

Mariole, n. f. Au Moyen-Age, figurine représentant la Vierge.
(Le tribunal de la Sainte Inquisition reconnaît désormais qu'il n'est plus blasphématoire de traiter Marie de mariole. En revanche, tout autre vocable dépréciateur sera impitoyablement sanctionné.)

Missile, n. m. Ancien synonyme de projectile. II N. m. pl. Missiles : présents que les empereurs jetaient au peuple le jour de leur couronnement.
(Notre président dit jupitérien serait bien inspiré d'imiter ses illustres prédécesseurs plutôt que de tailler encore et encore dans le maigre de la pauvreté.)

Mobiliste, n. m. Apiculteur qui emploie des cadres mobiles.
(Quand le mobiliste devient mobyliste, je vous laisse imaginer, sur les routes serpentines de Haute-Provence, l'esquif improbable de l'apiculteur encombré de ses châssis.)

Mormon, n. m. Zool. Genre de singes cynocéphales papions, auquel appartiennent les espèces drill et mandrill.
(J'ai toujours su que les mormons étaient des singes de la pire espèce.)

Mort-de-froid, n. m. Nom vulgaire d'un champignon, de la famille des agarics.
(A mélanger au bouillon de onze heures pour que la vieillasse passe sans douleur aucune. Amen !)

Morte-paye, n. f. Autrefois, soldat qui était payé en temps de paix comme en temps de guerre. Militaire invalide.  II Vieux domestique sans fonction. II Contribuable qui ne peut payer ses contributions.
(En ce début du troisième millénaire, les soit-disant mortes-payes n'ont jamais été aussi nombreuses, geignant, trépignant, prévoyant l'Apocalypse si le fisc n'efface pas leur ardoise...)

Vous aurez évidemment reconnu l'image décrépie du vieux thon de la Madrague !

vendredi 4 août 2017

Dictionnaire des mots rares et précieux, lettre l

Résultat de recherche d'images pour "brebis"Lambruche ou Lambrusque, n. f. Vigne sauvage dans le midi de la France.
(Une pensée pour le Lambrusco d'Italie qui pétille un peu en écumant sur le pourtour lorsque l'été alanguit les désirs, les rêves et même les rots.)

Lavabo, n. m. Liturg. Prière dite par le prêtre lorsqu'il se lave les doigts pendant la messe. Carte sur laquelle est imprimé le texte de la prière. Linge dont le prêtre se sert pour s'essuyer les doigts.
( Vive la polysémie ! S'apprêtant à dire son lavabo, le curé qui n'avait plus toute sa tête demanda à l'enfant de choeur où était passé le lavabo. De même, en ayant terminé, il sortit de sa soutane son lavabo froissé pour essuyer ses doigts dodus comme des saucisses.)

Léans, adv. Là-dedans (par opposition à céans).
(Voilà un adverbe croquignolet. Qu'est-ce qui se passe léans ? Il y fait aussi sombre que dans la chatte d'une nonnette !)

Levrauder, v. tr. Poursuivre quelqu'un, le harceler, comme on le fait d'un lièvre.
( Quiconque levraudera quiconque à l'intérieur de cette enceinte sera jeté dans une fournaise et ses cendres seront jetées aux cochons.)

Limace, n. f. Hydraul. Vis d'Archimède.
(Rien à voir avec la limace en tergal que les demi-sels arborent en plastronnant dans les bouges où ils fréquentent des petites vertus.)

Londre, n. f. Nom d'un ancien type de galère.
(Il y a beaucoup de londres à Londres dans les job centers et les contrats à zéro heure.)

Love, n. m. Pain de savon long comme une brique, épais et large comme trois.
(Le love est particulièrement recommandé aux rhinocéros et aux éléphants avant de passer à l'acte.)

Lunéviller, v. tr. Broder à l'aide de petites perles de verre coloré ou de métal.
(Une pensée pour les cimetières de mon enfance ; il y avait là des fleurs qu'on avait fort joliment lunévillées et la moindre perle échappée constituait un trésor au fond de ma poche.)

Lutter, v. tr. Se dit du bélier qui couvre la brebis.
(Et la pauvrine ainsi culbutée s'égare au point que c'en est pitié. Peut-on établir un rapport avec le verbe lutiner, tellement moins brutal ?)

Lypémanie, n. f. Pathol. Affection caractérisée par un état de tristesse, de mélancolie pouvant conduire à la folie dépressive.
(Je suis atteint de lypémanie, dit Bartelby, je ne voudrais pas faire ce que vous me demandez. Non, je ne le voudrais pas.)