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lundi 29 avril 2013

Battre le corps #4

Ma mémoire n'a plus de durée
Pour égrainer ton chemin
Mes mots ont du sable dans la bouche
Comment retrouver le commencement
De ton corps battu
Dire le premier geste
Qui a repoussé le pain
Quelle lumière il faisait sur la table
*
Tu ne sais plus dans quelle vie
Tes pas puisent encore des traces
Les heures n'ont plus de jour plus de nuit
Où nous pourrions nous tenir
Je rejoins les lieux sûrs de mes rêves
Anciennes rondeurs de coteaux
Avec leurs ombres assoupies
Quand l'été faisait silence
Et que j'essayais mes premiers mots
Avec l'ennui
Lieux sûrs aussi des mémoires inventées
Pour que ma peau ne s'en aille pas
Comme ta peau s'en va


Les mots du carnet blanc
Sont devenus un livre
Des petites morts dans la paume des mains
Et j'ai peur de ta peur
De la neige absente de tes pages
Effacée par qui en toi
Je referme ton livre comme un couteau

mardi 1 mai 2012

Petites coupures #5

Une rue un caniveau
Quelque chose bat
Dans l'eau immobile
Ma peau déjà pressent une chimère
La lumière couche la rue
D'un gris sans grain
Qui pourrait m'échapper
Le trottoir frissonne avec ma peur
La chose est un chiffon rien d'autre
Épointécomme une aile
Et le vent le change en oiseau 

 
Un enfant de l'autre côté
Qui n'a rien vu
Promène son insouciance
Dans ses jambes
La lumière est moins basse

 
S'approcher enfin de la chose qui bat
Constater un pigeon
La mort le façonne encore
Fait de ses plumes un tissu mou
Relever de toute urgence
Les yeux vers l'enfant
Qui a tourné

jeudi 19 avril 2012

Peties coupures #4

Une bicyclette hors d'âge
Contre un mur dans un jardin
Image de carte postale
Revenue avec ma fatigue
Des flambées de capucines
En tortillaient le cadre
Faisaient claquer la lumière de mars
Sur le guidon rouillé
Mais le chien du voisin
Aboyait son ennui 
De l'autre côté du mur
Déchirait déjà
La perspective du souvenir 

 
Poser de toute urgence
Une méchante boîte de coca
Sur la bicyclette transformée
En vélo
 
Se méfier de toutes ces enfances
Qu'on aura repeintes
Un soir de petite joie
Garder en soi l'ennui du chien

lundi 9 avril 2012

Peties coupures #3

Une silhouette sur un pont
Elle ne dit aucune présence
Aucune solitude
Dans la lumière montée du contrebas
Son ombre fait des hachures
Longtemps après mon passage
Mais comment les rassembler
Pour dessiner un homme
 
Ce ne sont pas mes yeux 
Qui voient les plis du paysage
Pris dans la vitesse du train
Ma pensée ne sait pas les arranger
Je les sens pourtant qui traversent mon corps
Leurs fragments me pétrissent
Comme un limon 

D'autres ponts sur le chemin
Chacun son parapet de bure ou de dentelle
Dans la lumière mal dépliée du jour
La silhouette aperçue
Me ressemble enfin
Je peux dormir
 

lundi 27 février 2012

Petites coupures #2

Un éclat de lumière
Et sa patine contre un tronc
Qui ne dit rien
Pas même le jour venu
Qui me tiendra pourtant
Jusqu'au soir


Les heures me traversent
Sans dépôt
Comment m'étonner
Avec ce vide


Mes gestes sont d'un autre corps
Mes mots d'une autre langue
Aucune ombre dans leurs traces
Qui désignent mon absence
Je n'ai pas besoin d'être


Abolir en soi
Ce qui pourrait rester du paysage
Dissoudre l'éclat de lumière
Dans son silence
Passer plus léger
L'épreuve du retour

samedi 18 février 2012

Petites coupures #1

Un oiseau mort dans la boue du chemin
Le poser sur l'herbe
Êtrelui avec ce geste


Souvenirs d'eaux et de brumes
Dans la gorge des fossés
Et mes enfances de peupliers
Qui n'attendaient rien
Déjà


Le vent rebroussait les prés
Quand l'eau remontait des puits 
Des voix recherchaient les berges perdues
Qui ont fourbi ma langue


Revenir on ne sait comment
A l'oiseau
Sur un autre chemin

mardi 31 janvier 2012

Battre le corps #3

La maison dit ton absence
Une pomme verte change de peau sur la table
Un reste de lait fige au fond du bol
Tes lèvres closes
La porte du jardin bat
Dans la lumière silencieuse
J'allonge ma fatigue d'un peu de vin
Je regarde mes yeux courir
Sur la page d'un livre
Les mots comme le lait
Incapables de s'ouvrir


La nuit s'est blottie
Dans les yeux du chat
Qui cherche tes insomnies
Tes mains perdues
Qui ne contiennent plus ton visage
Le silence est soudain trop vide
Sans le petit peuple de tes signes
Adressés aux murs et au plafond
Un long vagissement
Mais sorti de quelle gorge
Frissonne


Quel visage prend ta mémoire
Quand tes pas sont fermés
Autour du lit
Et que tu dois manger le pain
Comment creusent les mots du père et de la mère
Sur ta peau qu'ils ont tuée


Un cri parfois
D'une vieille qui n'a plus sa tête
La nuit tranchée au scalpel
Tu la sens dans ton sang
Qu'un rêve commençait à pourrir
Tu rejettes les draps trop mouillés
Ton cœur est déjà debout dans le couloir
Haché par le cri qui suivra le cri
Le dernier peut-être et ce sera la fin
Ton corps retourne au creux du lit
Tout bleu dans le froid que tu attends

samedi 15 octobre 2011

Battre le corps #2

Une mémoire sans oubli
Pèse sur toi depuis toujours
Des souvenirs même dans le silence
Autour du pain coupé
Et tes soeurs droites sur leur chaise
Qui te regardaient tomber
Tu avais dix ans
Un train passait
Dans la neige


Battre les draps
Sur l'herbe des cours
Et le pliage à quatre mains
Lissé à l'ongle pour l'armoire
Tu te souviens du blanc
Où tu voyais du rouge
Enfermé dans les chambres
Le père et la mère parlant bas
Les soeurs cachées sous les lits
Et le silence qui te prenait
La gorge


Tu me parles de l'oncle mort
Sous la frondaison des mitrailles
Dans les grands froids
De son nom qu'on t'a donné
Pour qu'il vienne à ta place
Et chaque jour à petits souffles
Ta vie cherche son chemin
Malgré lui


La nuit vient chercher ton corps
Où tremble un rêve d'yeux battus
Il porte en lui ces plaintes de bois sec
Que rien jamais n'éteint
Un peu de lait tourne au gris
Dans le bol oublié
Un reste de gâteau va tomber
De la table morte
Une proie encore pour les chats
Dans ta gorge
Apprivoisés avec la mie crachée
Et tu attends la levée du jour
Pour tomber

mercredi 5 octobre 2011

Battre le corps #1

Tes pas la nuit dans la maison
Quand penser ne peut plus rien
Contre les ombres qui t'effacent
Marcher encore
Jusqu'à devenir sans visage
Dans le mouvement des plaies
Mon corps ne tient plus le tien
La nuit va fondre mes mots
Tu vas tomber

Tes mains blanchies jusqu'à l'os
Autour du lait
Tenir avec ce peu
Dans le corps creusé
Pour chercher quoi parmi les fatigues
Un voile passe devant tes yeux
De la neige dis-tu
Surgie de tes anciennes tourmentes
La neige comme le lait
Improbable

Ton corps absent du pain
Courbé sous la fièvre
Tes yeux sont trop grands
Un train passe
Un chien aboie
Une rumeur encore
Qui rappelle ta mémoire
Sur tes lèvres sèches

Un fruit sur un coin de table
Livré aux meurtrissures
Et tu regardes ta peau pareil
Qui s'en va avec la faim
Je ferme les mots dans ma bouche
J'abaisse mes paupières
Ne plus voir le trou au coeur du fruit
Où tu pourrais te jeter