jeudi 25 juillet 2024

Margelles, n°18, été 2024


Une margelle évoque aussi bien la bordure en travertin d'une piscine avec jeunes filles en fleur que le liseré qui encadre un monument funéraire. Elle est un composant à part entière d'une disposition architecturale et non un artifice. Au plan symbolique, elle retentit dans l'imaginaire comme un seuil, une orée pourrions-nous dire si le mot n'était pas si galvaudé, entre des figurations de l'espace à vivre et à mourir. Et il est plaisant de céder à la tentation d'y voir une petite marge textuelle. Tout du long du dit en ses échappées, ses lignes de fuite...

Margelles (au pluriel donc) est une revue de poésie ouvragée par Bruno Guattari et Philippe Agostini en leurs arpents de bois et d'étangs solognots. La photographie dans tous ses états y occupe aussi une large place, seule ou en contre-point des textes.

Le lecteur appréciera dans ce numéro la variété des écritures, leurs échos, leur répons et, d'image en image, construira ses propres margelles pour apprivoiser les coulisses de l'humain fragile.

Extraits :

(d'autres mouches bourdonnaient en tournoyant au-dessus de la merde des mères qui chiaient à l'unisson derrière les buissons faute de waters où se soulager dans l'intimité)

(un vieillard

un crâne

&

un enfant

devisaient

calmement

au bord 

d'une route

qui menait

nulle part) Rachid Madanis, R&manence

*

Appuyé au dossier de sa chaise, les avant-bras sur les accoudoirs, les extrémités de ses doigts réunies en une charpente miniature, il regarde l'ombre se déplacer, imperceptiblement, l'orbe du feuillage, au mi-temps du gravier et du carré d'herbe. Sa face de cendre, rongée de barbe, laisse deviner une longue attente. Des yeux de chien perdu sur un sourire maussade. Louis Germain, Demeures 

La lumière n'est pas encore perdue

parmi les maisons, parmi les routes blanches

Cette vieille dévotion

qui fait du monde un théâtre aride

une revue pour abonnés

une salle d'attente Raffaele Gatta, Homme libre (Uomo libero)

2h25.

La nudité du bitume exhale un relent d'alcool. Au loin, le néon du tabac crisse et cligne de la paupière. J'avance, les lampadaires se sont assis sur leurs capuches de froid - miettes d'eau moites et qui stagnent en marge du ciel : l'air suinte mais la route s'ouvre comme un œsophage. Rémi Letourneur, L'heure perdue

*  

la neige a fondu sur elle-même et s'épand en une eau de lait qui hésite à s'enfuir déjà entre les brins d'herbe jaunie - bientôt elle lavera la terre glacée des bêtes immobiles et ira mourir au fossé couronné de chiendent - promets-moi d'y penser en mettant tes bottes Pierre Gondran dit Remoux, Ivre de cabanes

Une miniature, sur ta joue, suit une ombre,

dans le soir part le train 

où tu dors alors qu'un signe du monde te rappelle.

C'est un petit animal qui a échappé 

à ton rêve, il court sur ta joue, tu pourrais te réveiller ;

il trônait sur le rayon de ta bibliothèque

aussi muet que toi, ainsi détaché du réel. Fabrice Farre, Pièces détachées

Parmi les images, le regard s'attardera sur l'ensemble de Louis Guattari, Entre la rue et l'azur (visages seuls ou en compagnie saisis sur le vif des quotidiens les plus ordinaires) et celui de Perle Vallens, Accords, (fragments de peaux animales et végétales, avec ombres et plis tourmentés).

Enfin, en quatrième de couverture, un extrait de Sodome et Gomorrhe pour nous rappeler que Proust avait aussi de l'humour.

La revue Margelles est disponible sur le site des éditions www.brunoguattariediteur.fr Elle coûte 12 euros et ses versions numériques sont à télécharger gratuitement.

 

mercredi 24 juillet 2024

Le cerveau dans le ventre, (manuscrit retrouvé à Bacalan)


Le corps dépose parfois l'esprit dans une grande solitude. Les pensées manquent de mots. Les traverses sont trop loin de la fatigue. Le ventre pèse où macère le sang. On veut vivre pourtant. Les yeux s'en vont vers les oiseaux qui croisent au large. La lumière s'avive sous l'allège dans la chambre. On retrouve là les signes perdus de l'enfance. Une bille de terre s'invente au creux d'une rainure. Les restes d'une clisse luisent sombrement au souvenir du grenier. Le ciel est bas soudain et l'oiseau n'est plus une promesse. On veut éprouver le mouvement qui retient les plis contre la peau. Pour un peu on rirait des mièvreries qu'on envisage. Une ombre passe au bout des cils. Elle ne dessine aucune ramure sur fond d'azur. Elle ne dit pas que c'était beau quand on avait dix ans. C'est avec elle qu'on se tiendra tout le long du jour. Dans le repli des chairs.

*

On vit depuis deux jours appareillé d'un tuyau au bas du ventre. Le temps s'écoule moins vite que les humeurs. Les gestes cherchent la mesure la plus sûre. Pour que le repos vienne dans l'attirail du corps. On ferme les yeux. Les bruits de la maison montent par l'escalier comme le chat effaré. L'émail est plus lourd, la céramique plus légère. Un froissement de chiffon en barbouille l'écho. On ferme les yeux. On devine le visage inquiet de la compagne aimée. Elle regarde le jardin se lever dans le matin. Quel tri pourrait-elle faire parmi les ombres ? On reste longtemps avec cette question du fardeau qui leste nos pas. On pleurerait presque. On se retient. Des rumeurs viennent de la rue, qui nous étonnent. Elles ne sont pas exactement de ce monde. Plus sourdes ou plus feutrées, on reconnaît mal ce qu'elles disent des hautes solitudes. On ferme les yeux.

*

La douleur passe dans toute la chair. Elle ne s'attarde pas autour des fibres. Elle est comme un instant de lumière blanche égarée. La fatigue retourne longuement cette image après qu'elle a passé. La mémoire sème le trouble dans les souvenirs qui bégaient. On ne sait plus trop quand l'enfance a vécu un semblable empêchement. On s'attarde au trait de lumière. On rejoue le film lent d'une détresse. Les phares d'une voiture peinent à trouer le brouillard sur une route de campagne. Des peupliers trop penchés dérobent le chemin. Une femme crie. Sa main tremble sur un accoudoir. Un homme à côté d'elle cherche un refuge. Le film pourrait durer encore. La lumière serait plus coupante. Des nuées de bêtes rouges viendraient y conspirer. La douleur de nouveau là taille dans le ventre. L'homme ne dira rien.

*

Dormir pour apprivoiser ce qui résiste dans le corps. L'oiseau idéal drainera les sanies et le ciel sera un drap bleu au réveil. Sourire. Tenir avec les mots les plus simples. On l'a deviné il y a longtemps. Un grain de plâtre tombé du mur nous l'aura dit mais c'est plus tard qu'on l'aura compris. En suivant le chat qui jouait à la feuille morte. Un jour de novembre. Sourire. Etait-ce vraiment l'automne dans la terre meuble du seringat ? Le vent avait-il quelque saute à murmurer dans les branches ? Et voilà retrouvé, dans le fil des questions, le souffle du sang. La nuit peut tomber.


Peut-être d'autres bouts dans les jours qui viennent... Si et si... Il y aurait à reprendre ici ou là mais comme je ne compte pas chercher un éditeur pour ces 92 pages qui font peur, je laisse comme ça.

Image signée Anne-Marie Durou

samedi 6 juillet 2024

Lo Moulis, La vie blottie dans le désordre


Nous ne savons jamais vraiment si les choses nous apparaissent à l'endroit ou à l'envers. Elles ont "le corps abstrait", [le paysage indécis]. Peut-être ont-elles plus de substance quand elles se soustraient au regard et à la marche.

La vie blottie dans le désordre de Lo Moulis, ouvrage d'hybridations textes-images-images-textes, le laisse entendre. Il s'ouvre sur un couloir où le lecteur imaginera des pas perdus. Des voilages, comme des taies sous une lumière qui brouille les géométries, appellent à dissoudre l'attente et au renoncement des présences. Y-a-t-il seulement quelque chose derrière la porte du fond ? Et le livre se clôt sur un autre couloir, plus blafard et rétréci. Le chambranle de la porte s'efface dans le flou. L'être, s'il en est un, est ici un mirage inversé, sans issue. "Entre les pas / on ne possède rien", écrit Lo Moulis.

Peu d'objets font signe au lecteur tout au long du décor : un trottoir, un grillage, un chandelier, des escaliers, des bougies et un verre d'eau, "la porte d'une petite chambre", "une boîte de cèdre" et quelques robes indéfinies dont le tissu résiste mal au vide et à l'oubli. "Aux limites du monde / il n'y a plus de paysage".

Et cependant, même blottie, la vie n'en est pas moins là. A la fois errante et forclose. Errance "dans la neige de la nuit", à la [traversée des mers, des voies ferrées et des dunes] et parmi tous "les lieux défaits". Forclusion dans "les heures plantées à sauver l'infime" et les "cavités du jour" remplies "de mauvaises pioches", les "bâtiments sans fenêtres". Manque et solitude. Ennui. Les cathédrales dont les âmes s'en sont allées. Le vide encore, en sa forteresse contrainte. Le lieu d'un drame à jamais tu ? Le désordre d'un désastre ? "Tu préfères compter les soleils /  dans la marge / le limon sur la grève / les os des enfants / ne restent que l'humus / et l'air flottant", écrit Lo Moulis.

Et voilà que toutes sortes de traits, cordes isolées ou pelotes impossibles à démêler, biffures et coulures ouvertes comme des plaies sur papier déchiré, viennent se confronter aux mots du poème et parfois les chassent. On en retrouve quelques brisures manuscrites ou imprimées, souvent hors cadre, parfois illisibles. Pour exprimer l'équilibre précaire du vu et du dit, du non vu et du non dit. Et Lo Moulis referme son livre avec ces mots de Jean-Louis Giovannoni en ses Pas japonais : "Ecrire, c'est se tenir à côté de ce qui se tait.

Extraits :


 


 

 

 

 

 


 

 

Lo Moulis, par ailleurs membre du collectif de poésie Pour Le Moment, signe avec La vie blottie dans le désordre (textes et images) sa première publication et son coup d'essai est un coup de maître. Paru aux éditions de l'Aigrette, le livre coûte 10 €.

mercredi 3 juillet 2024

Je ne parviens pas à y croire


Je ne parviens pas à y croire.

Un poète, connu et reconnu, s'apprête à voter pour le Rassemblement National. 

Je ne parviens pas à y croire. Je me dis qu'un homme de culture tel que lui, au moment ultime, ressaisira son entendement. Les voix de Montaigne, de Camus, de Morin, de Simone Veil et Geneviève de Gaulle-Anthonioz viendront à son secours.

Mais je me dis qu'un autre intellectuel de haut niveau, Raphaël Enthoven, tient les mêmes propos et il n'est pas le seul. 

Alors quoi ?

Je ne sais pas.

Mais tout de même ! Un poète !

De surcroît porté à l'humanisme par sa foi catholique !

Non. Je ne parviens pas à y croire. 

Je ne parviens pas à comprendre.

Comment les représentations symboliques et imaginaires de cet auteur, de cet honnête homme, ont-elles pu céder aux sirènes d'une idéologie ségrégationniste ? Comment peut-il se plier aux mantras de l'ipsédixitisme vomi à longueur d'antenne sur tous les plateaux télévisuels ? Comment, dans les profondeurs de sa psyché, les forces de la débâcle terrassent-elles toute autre considération ?

Comment ? Comment ?

Il dit qu'il combat l'antisémitisme. C'est absolument nécessaire.

Il dénonce Mélenchon dont les outrances répétées sont en effet très détestables. Son incapacité à reconnaître que le Hamas est un nid de terroristes qui assassinent le peuple palestinien estomaque bien du monde à gauche.

Et il dénonce aussi Macron, son "fascisme en layette rose". Oui. Vous avez bien lu : "fascisme en layette rose".

Quelle inversion dans les valeurs morales !

Macron est criblé de défauts mais fasciste, non. Ben non !

 

Loin de moi l'idée d'opposer mécaniquement un camp du bien à un camp du mal. Il me reste assez de philosophie et de connaissances historiques pour ne pas m'aventurer dans cette voie stérile.

Mais. Mais.

Est-ce à dire qu'un anti-arabes est plus fréquentable qu'un antisémite ? 

Est-ce à dire qu'un Libanais a moins le droit de vivre qu'un Israélien ?

Bien des écrivains, Semprun, Lévi, Littell..., ont démonté les engrenages qui broient la pensée de l'homme ordinaire et la poussent vers l'abjection. Il est avéré qu'il y avait à la tête du troisième Reich des intellectuels pour entériner la Solution finale.

Et j'entends mon poète se récrier : l'histoire n'est pas une photocopieuse. Bardella n'est pas Hitler. Il a raison.

Mais alors, pourquoi écrit-il que Mélenchon et sa bande sont des "bolcheviques hirsutes et livides" ?

L'histoire n'est pas une photocopieuse, ni dans un cas ni dans l'autre. Ah ! Monsieur le poète, vous perdez votre assiette et voyez la lumière à l'endroit des ténèbres. Je vous prédis bien des "pesanteurs de tête" si, le 7 juillet, vous y ajoutez la perte de l'honneur.



Alain Marc Guillaume, " I remember Clifford "


Le phrasé poétique d'Alain Marc Guillaume ne ressemble à aucun autre. Tour à tour tendre et gouailleur avec des accents presque bucoliques où affleure une pointe de nostalgie, il touche à l'oralité. Une oralité populaire marquée par de nombreuses expressions argotiques et l'effacement des pronoms personnels. " Sommes mardi cinquante ans après ", " bingo ! m'étais pas trompé ", " sous la terre fait aussi froid qu'ici ? ". Le lecteur imagine une conversation que le poète tient avec ses voix intérieures qui font des hoquets et s'ouvrent à des suspens.

" I remember Clifford " se présente comme une succession de scènes de genre au plus près du quotidien : un père qui joue au cheval avec sa fille sur son dos, une femme qui rentre chez elle en virevoltant dans sa jupe longue, un ancien d'Indochine qui ne raconte pas ses blessures de guerre et s'acharne au désherbage dans son jardin... Autant d'images en noir et blanc où se superposent la mémoire de l'enfance et celle de l'âge tardif. Avec un peu de jaune "fatigué", un peu de rouge brique et puis le bleu du ciel... à Boston. La ville mythique du cinéma et de toutes les musiques, la ville des petites frappes et des étrangleurs. Seulement voilà ! D'une rive à l'autre de l'Atlantique, les repères sont bien imprécis, les frontières très indécises. Comment faire la part des confluents dans l'émergence des souvenirs ? Une maison en Dordogne a des faux airs de Louisiane. Des sacs poubelles noirs avec leur cordelette jaune se changent en vastes oiseaux des mers "sur un quai de Colon au Panama en 72". Une silhouette aperçue à Bordeaux ressemble au consul de John Huston dans son film Under the Volcano, "quand il s'arrache de la bodega" ?

But who is Clifford ? Un jazzman bien sûr. Mort prématurément dans un accident de voiture à vingt-cinq ans. Sa trompette accompagne la caméra interne du poète. A moins que ! Ce n'est peut-être pas Clifford dont on rejoue "les lamentos" autour des bocks dans un bar. C'est peut-être Darn that dream. Un rêve reprisé. Dont on veut garder le fil. Ah ! Savoir ce qui s'en va vraiment de soi ! De "l'en-dedans". Et déjà l'en-dehors ressaisit l'auteur. Les lignes de la banlieue bordelaise ne tiennent plus la route quand il conduit pour ramener sa fille chez elle. Le Los Angeles de James Ellroy apparaît avec "sa part d'ombre". Un autre décor sans cesse recommencé et la littérature en écho au cinéma. Pour mieux [se dissoudre]. Alain Marc Guillaume a été bouquiniste pendant plus de quarante ans. Edgar Poe, Malcolm Lowry, Alberto Moravia et Roberto Saviano traversent également le livre. Mais, toute révérence gardée, les lumières de la ville et le sourire d'une jeune femme sur un passage-piétons, hein ! c'est autre chose. Sans oublier les chats. Ces [petits culs bondissants], tout en esquives et facéties, comme les poèmes qui filent qui filent, peut-être de nouveau là bientôt, au détour d'une "note inattendue". "De la musique avant toute chose" sur l'écran noir des nuits blanches, en repoussant le clap de fin.

Au petit jeu des appariements littéraires, le lecteur pensera aussi bien aux atmosphères de Jim Harrison qu'à celles d'Antoine Blondin, d'une rive à l'autre des tumultes océaniques.

Extraits :

regarde un de ces docs à sensation

genre " real crimes stories "

 

à l'écran la caméra focale au ciel

suit un bout de nuage, de coton, d'étoupe

qui glisse à l'angle d'un toit

au-dessus d'un mur de briques rouges

 

à pas s'y tromper  très Amérique du Nord

dans un ciel bleu de pur été

Toronto Montréal Salem Providence ?

 

enfin vers là

 

juste après

elle redescend à hauteur d'homme

s'arrête sur un manège au cœur d'une ville

cerné par ces murs de briques rouges

et qui mouline du souvenir au son d'un limonaire

là-bas était route vicinale

jaune / blanche sous la traction de mon père

les rares fois où on y est passé

y avait ralentissement / lâcher de pédale

entrée en zone de gravité

devant une sorte de

sana / mouroir / maison de repos / pavillon psy

sans doute un peu des quatre

caché derrière de hauts arbres

 

depuis ce temps

cet au-delà des pins sylvestres penchés là-bas

m'est resté lieu à côté du monde

"over the hill" un peu maudit

qu'en étrange silence cuisait sous le soleil

 

" I remember Clifford " d'Alain Marc Guillaume est publié par aérolithe éditions. Il coûte 8 €.  A commander ici : aerolitheeditions.blogspot.com

 

lundi 24 juin 2024

Et puis les masques sont tombés


Et puis les masques sont tombés

Les oiseaux ont eu le souffle coupé

Les chats se sont tapis dans les taillis

Et les chiens au fond des caves

Tant de regards noirs

Tant de mentons crispés

De lèvres pincées

De bouches ouvertes au cri

De mains qui repoussent

Dans les rues des villes

Et sur les chemins des champs

Des bandes armées sont parties en chasse

Des campements ont été détruits

Sous les rocades et dans les bois

Une femme noire est morte à Fréjus

Une femme noire est morte à Nancy

Une femme noire est morte à Besançon

Deux adolescents aux cheveux crépus

Ont péri par le vitriol à Angers

Quatre mosquées ont brûlé à Lyon

A Marseille à Bordeaux et Agen

Les façades d'une dizaine de librairies

Ont été mitraillées dans le Vaucluse

Et dans le Gard

En Ardèche en en Meurthe-et-Moselle

Plusieurs dépôts du Secours populaire

ont été pillés dévalisés saccagés

A Paris, Lille, Toulon et Montpellier

Et la France a fait comme les oiseaux

Et la France a fait comme les chats

Comme les chiens et même les papillons

Aux ailes soudain blanchies

La grande peur après la semaine de cristal

Le plomb du silence dans les yeux

Le grand renoncement des solitudes

Les litanies en boucle sur les écrans

On n'a pas voulu ça

On n'est pas comme ça

Fallait bien qu'on essaye

On n'est pas des méchants

On n'est pas des racistes

D'ailleurs on a des copains arabes

On n'est pas on n'est pas

Ca va se calmer ça va aller mieux

Les affaires vont reprendre

Oui elles vont reprendre

Ca n'était qu'une parenthèse

Y'en a toujours eu des parenthèses comme ça

L'été arrive et il sera tranquille

Il y aura des jeux et encore des jeux

Il y aura des baignades à la plage

Et des varappes entre les cols

Il y aura de l'ordre enfin de l'ordre

Il était temps on allait dans le mur

Il y a du bon tout de même

Quand les masques tombent

 


jeudi 20 juin 2024

Maud Thiria, Trouée

De toute évidence, donc de toute opacité, Maud Thiria n'est pas à tu et à toi avec ce qui la hante. Dans son recueil Trouée, le corps est aussi suffoqué que la parole. De qui est-il le sujet ? De quoi est-il l'objet ? "La chair mutilée" ne peut pas dire. "La trachée retranchée" étouffe. [Les mots tombent comme des mouches mort-nés sans nom encore].

Le lecteur sensible aux occurrences relève 14 fois le mot miette et ses déclinaisons dans le texte. Puis 10 fois le mot coule. Ni les humeurs ni les suints ne tiennent ensemble les viscères et les peaux, les visages. Quand le vide à l'intérieur du ventre engloutit jusqu'à la langue. "vers quel mot / tendre / quel mot placenta / gluant de noir et de vie", écrit Maud Thiria. Le placenta, ce bas morceau qu'on abandonne aux chiens parmi les immondices. Cette répugnance-là et son "je sacrifié", mais vivante, vers laquelle il faudrait pouvoir retourner. Ce je empêché de naître (une seule occurrence) qui empêche de rêver à la mère (3 occurrences). Cette mère dont on voudrait embrasser l'image malgré "le cordon enroulé / en tas mort".

Et le lecteur s'égare dans les images qui le terrassent. Des images du dehors, inventées comme dans un roman noir ou relevées dans quelques faits divers. Un corps de femme prisonnier à perpétuité du mal qu'on lui a infligé au fond d'une chambre close. Et des images du dedans, exhumées du puits des âges, superposent leur épouvante à leur épouvante, où se projette la monstruosité du soi...

Au jeu des appariements littéraires, la figure de Bernard Noël apparaît dès l'exergue en vis-à-vis du premier poème : "un double dis-tu coupé à moi-même... visage sans aucun trait l'épaisseur peut-être du silence". Le chroniqueur fasciné autant que désemparé retrouve Extraits du corps, lu il y a cinquante ans. Et c'est la même fièvre interloquée dans le miroir des écritures. "Mon corps est à recommencer", écrit Bernard Noël. "Te créer des images pour rester vivante", écrit Maud Thiria. "Noué à moi-même, je suce mon intérieur, je me vide en moi.", ajoute Bernard Noël. Et Maud Thiria, dans le cachot de son ventre : "le vide ne répond plus / de ses mots / la langue n'a plus assez / de salive". Du corps agissant au corps subissant, comment faire la part du vide ? Et quelles images pour le déborder ? A défaut de recommencement, une réparation est-elle seulement possible et jusqu'à quel point après le supplice ?

Enfin, il pourrait être intéressant de recourir au jeu des occurrences absentes. Pourquoi l'auteure n'a pas employé les mots détresse et solitude ? Le lecteur imagine qu'ils sont davantage mort-nés que les autres et que, n'ayant pas encore de nom, ils se désignent dans le silence. Un silence noir, forcément noir. Assourdi par la meute des chimères.

Extraits :

tu chair rongée

enfermée muette

antre d'ongles

noircis à force

griffes humides devenues

grotte du corps

tranchée

*

écrire

le dépeuplé

chambre à fenêtre sale

corps

que plus rien n'ouvre

ni attaches

ni poignées

écrire pleins et déliés

là où le vide te lie

écrire en vrac

en vrille

 

- suivre un chemin de miettes

abandonnées -

*

ventre trou

cœur trou

sans plus de bouche pour

crier

de membres pour se

défendre courir échapper

seulement ne plus bouger

juste cet ordre mental

instinct animal

yeux vitreux bouche ouverte

corps raidi

 

faire la morte

*

tu es le visage

arraché à la nuit

ombre de tête

langue et front mêlés

lente saveur d'oubli

de salive et d'os

magma

boue propice aux larmes

le noir crie quand pénètre la lumière

- métal cuisant des souvenirs

en brèche -

 

œil crevé parlant

leur langue

oubliée

*

Trouée de Maud Thiria, avec une photographie de Véronique Lanycia en couverture, est publié aux éditions LansKine. Il coûte 14 €.

NB : Dans Extraits du corps, Bernard Noël n'emploie pas non plus le mot détresse et une seule fois le mot solitude juste avant la fin du recueil.

A lire aussi sur ce blog, la chronique de Falaise au ventre, de la même auteure et chez le même éditeur (20 mai 2023)

 

lundi 17 juin 2024

Voix cordillères / Cordillera de voces

 


Voix cordillères / Cordillera de voces
présente 4 voix féminines de la poésie sud-américaine d'aujourd'hui. Ashanti Dinah (Colombie), Belén Zavallo (Argentine), Florencia Smiths (Chili) et Valeria Román (Pérou). 4 univers particuliers dans la perception du corps (physique, symbolique, imaginaire, politique) qui tissent des liens implicites et rassemblent dans ce livre un précipité d'humain à la puissance fragile.

Le corps selon Ashanti Dinah est celui de la femme dans sa nudité la plus animale, souvent bafoué, [jeté à l'outrage des vautours]. Mais c'est un corps solidaire avec les autres corps féminins autour d'une communion sous la voûte céleste. Loin des récits inquisiteurs des religions patriarcales. "Je parle avec la langue amputée de mes ancestresses, elles sont le métier à tisser qui étreint l'humidité de ces mots."

Le corps selon Belén Zavallo est celui des petites avanies ordinaires. La peau qu'il faut enduire pour guérir un zona, une chute après la morsure d'un chien, les mains crasseuses des enfants assoiffés, la mère dont les soucis empêchent ses cheveux de respirer. Mais il y a des oiseaux qui "mangent des morceaux de silence", des fillettes qui se vernissent les ongles. Et la vie va, portée par les gestes du soin et la nécessité d'un peu d'insouciance.

Le corps selon Florencia Smiths est celui de la suffocation par l'écriture même. Quand la mort submerge le réel et que l'oppression de la dictature organise méthodiquement le martyre de la chair partout dans la ville, les gares et les stades, les écoles et les chambres, les usines, les sous-sols, les sexes et les squelettes. Cette présence de la barbarie, au Chili comme ailleurs, cette banalité du mal sans cesse réinventée à coups de tortures électriques.

Le corps selon Valeria Román est celui que le capitalisme réduit à l'état de déchet. De la graisse emballée dans des tissus sans texture et jetables. De la pauvreté matraquée par les grands barnums hollywoodiens. De la soumission au patriarcat du "cycle de production et de reproduction". Dans l'enfer asiatique où même la paix mentale s'achète à crédit chez un banquier sans vergogne. Comment croire, dès lors, à la devise "indépendance, liberté et bonheur" ?

Extraits :

Encontré mis orígenes en los archivos de la selva / en la conjuración del mar / en los cantos encrespados del tambor / en las contiendas de mi alma. / Allí me reinventé, renaciendo en mi ombligo.

J'ai trouvé mes origines dans les archives de la jungle / dans la conjuration de la mer / dans les chants crépus du tambour / dans les combats de mon âme. / Là je me suis réinventée, renaissant par mon nombril. (Ashanti Dinah)

*

Y qué había antes / la cutícula de una vida, el deslumbramiento / la media luna de tus dedos / el polvo abierto / la tijereta corta el cielo / con el filo de sus alas

Et qu'y avait-il avant / les peaux mortes d'une vie, l'éblouissement / la demi-lune de tes doigts / la poussière ouverte au vent / le perce-oreille découpe le ciel / avec la lame de ses ailes. (Belén Zavallo)

*

Estos son los ordenamientos, dijeron / mientras nos sometían a la excavación del mundo / en nuestro sexo / no tenemos mucho tiempo / no insistan en cubrir a sus hijos / los tenemos inventariados como ratones /

Ce sont les ordres, disaient-ils / pendant qu'ils nous soumettaient à l'excavation du monde / dans notre sexe / nous n'avons pas beaucoup de temps / n'essayez pas de cacher l'identité de vos enfants / nous les avons inventoriés comme des souris / (Florencia Smiths)

*

yo, que soy una mujer en sus veintes, con un lugar poco / privilegiado en la cadena de producción ; yo, que poseo / montículos de ropa que ya no uso. que poseo una crisis / sin potencial en su argumento para ser literatura consumible

moi, qui suis une femme d'une vingtaine d'années, qui occupe une place / peu privilégiée dans la chaîne de production ; moi, qui possède / des piles de vêtements que je n'utilise plus. moi qui possède une crise sans potentiel dans sa trame pour être de la littérature consommable (Valeria Román)

Ashanti Dinah est traduite par Patricia Houéfa Grange, Belén Zavallo par votre serviteur, Florencia Smiths par Pablo Fante et Valeria Román par Carlos Olivera. Les illustrations sont signées Andrea Cuevas. La postface est de María Celia Battiti. L'ouvrage est coédité par les éditions KLAC et les éditions Aux cailloux des chemins. Il coûte 15 €.

vendredi 14 juin 2024

Julie Nakache, Entre chiens et louves

Dans son recueil Entre chiens et louves, Julie Nakache revisite la figure universelle de la femme dans toutes ses représentations. Celle de l'amante et de l'aimante. De la mère et de la fille. Dans les entrailles du ventre et de la terre comme sous le mystère des étoiles où vont les fleuves et les forêts, les beautés et les laideurs. Mais comment déchiffrer l'énigme des visages parmi tant de tumultes ? Nul ne sait jamais vraiment comment faire la part de l'ombre et de la lumière, du dedans et du dehors. Souvent les fracas de l'amour ressemblent aux fracas de la mort.

Et le lecteur est terrassé  par les questions sans apprêt que pose Julie Nakache. "Quand ai-je appris que tu étais toi et que j'étais moi ?" "Mère, dis-moi dans quel pays secourt-on les pierres ?" "En mémoire de quelle chute jouons-nous sous la terre ?" Quoi perdre - qui perdre sinon soi ?" Une intuition murmure à l'oreille du chroniqueur que Julie Nakache lit et relit Edmond Jabès. "On taille les pierres, comme on taille sa mort.", écrit-il. "On se libère de l'ombre comme le chien de sa chaîne", lui répond-elle. La mystique de la matière et la mystique de l'esprit n'ont pas fini de déborder le grand livre des questions. 

Et notamment celle des corps abandonnés à la dévoration. Par la bouche et par le ventre. "Je mange les étoiles", note l'auteure cependant qu'un "chien mange le ciel". Les fleurs n'échappent pas davantage à la manducation. Mâcher, croquer, avaler, prendre en soi la substance des racines, unir ainsi le mort au vif, le vif au mort. Et le sang devient une idée qui rassemble l'épars. "Les genoux et la peau écorchés" embrassent "les croûtes de terre", lient le feu à l'eau et les déserts aux forêts. Il est la métaphysique de la connaissance d'avant le monde et d'après, dans le même flux, la même blessure, la même corruption. En exergue, Julie Nakache cite ces mots de Louise Glück :" Peut-être, lorsqu'on commence, n'y a-t-il que des fins."

Les mères en sont qui sait les ouvrières. Elles qui [recyclent - inventent - imaginent - fabriquent - façonnent]. Bibliques ou talmudiques, elles se dressent contre "les ruines de la maternité... les décombres de l'enfance". Le chantier de l'altérité résiste mal à l'épouvante. Partout des enfants dont on fait des bombes. Partout des "jeunes filles assassinées" et aucune magie ne les ressuscitera. Les blés mêmes, allégories habituellement fécondes, se couchent sous le poids des outrages. Qui les relèvera ?

Et Julie Nakache d'en appeler à la figure de l'homme ! Il n'a pas de nom venu des grands récits inauguraux mais il est majuscule. Comme celui de l'Histoire aux astres ténébreux. Il laisse l'amour et la mort sans voix quoi qu'il dise : " . ___ . ___ . ___ . ___ . ___ . ___ . ___ . ___ ." Point trait. Point trait. Ô solitude dans les affres de la nuit, avec "le sale et le sauvage"! Alors partir, tant d'errants l'ont fait déjà, "dans l'hiver et le bruit des saisons... dans la sueur et le souffle". Partir sans revenir, avec ce qui tient encore de la vie quand les morts durent si longtemps. Et cette ultime question qui hante le visage : "Parvient-on jamais à se défaire de la nuit ?"

L'écriture de Julie Nakache, en sa simplicité incantatoire, se prêterait indéniablement  à la mise en scène, avec des voix in et des voix off. Emaillée de nombreux motifs allégoriques, elle s'augmenterait au mieux d'une immersion dans plusieurs champs visuels et sonores (peuples errants, bêtes en meute / murmures de source ou clapots de rivière / vent sur des frondaisons / cœurs qui battent et ventres qui frémissent. Cependant qu'une bande passante en écriture digitale reproduirait la litanie des questions. A l'opposé, le texte nu sur un plateau nu, pour s'approcher au plus près du dépouillement et de sa fragilité, serait tout aussi émouvant. 

Extraits :

Nous risquons la terre

Nous risquons les plaines

les montagnes et les mers

Nous risquons l'amour

Nous risquons les cœurs 

Depuis que nous exposons nos corps

*

La vie s'arrache comme une mauvaise herbe

Les fleurs se couchent avant de mourir

Aller aux morts comme on va à la mer

*

Vivre dans une saison les larmes de la mère

Parce que l'hiver

Parce que la chute d'une feuille

Parce que l'herbe brûlée

*

Faire l'amour avec les ombres et les fantômes

avec les flammes et le feu

le sang et la cendre

 

Faire l'amour avec les mortes avec les morts

faire l'amour

 

Toujours rester vivante

et écouter le bruit de la terre qui monte

 

Entre chiens et louves de Julie Nakache est accompagné des visuels de Kolet Goyhenetche, au trait parfois munchien. Il est publié aux éditions Exopotamie et coûte 17 €. Un très beau livre. 

samedi 8 juin 2024

Anne-Marie Durou et le chimérisme de la matière

Anne-Marie Durou est fascinée par le monde des coraux, ces créatures dont l'identité continue de féconder l'imaginaire. Leur trinité élémentaire supposée (minéral, végétal, animal) évoque les chimères de la mythologie qui, rappelons-le, assemblaient dans un même corps quelques apparences du lion, de la chèvre et du serpent. 

Dans ses sculptures, Anne-Marie Durou associe des matières minérales (céramique, inox), végétales (bois, laine feutrée), animales (cuir) et c'est ainsi qu'elle accouche "d'entités mnésiques" dont le chimérisme pénètre le regard du spectateur. Elle procède à des hybridations du vivant et de l'inerte, de l'intériorité et de l'extériorité qui traversent toute psyché et fondent les mythologies intimes. "Je mobilise mes souvenirs d'enfance pour donner une réalité concrète à une intention intérieure", écrit Anne-Marie Durou. L'acte créateur est ici une volonté de la mémoire. Avec ses flux et ses stases, ses ardeurs et ses réticences. Entre formes inventées et traces gardées. Les sculptures de l'artiste sont autant des sujets que des objets.

Aurore est une pièce murale dont les dimensions varient selon le dépli de sa chevelure inversée sur le sol. Le nœud qui la prolonge, presque fait ou presque défait, est-il à relier à cet espace rouge et rebondi qu'on pourrait dire ventral ? Comment interpréter la végétation racinaire qui en comble les fibres ? La tentation est grande d'y voir le chimérisme fœtal d'une parturiente. Des mouvements cellulaires in utero de la mère à l'enfant et de l'enfant à la mère façonnent les représentations humaines. Combien de métamorphoses en gestation dans l'inconscient obscur, forcément obscur ! Et cependant, c'est une impression de douceur qui touche le regard. Le ventre n'est pas toujours un lieu insécure.

Pendant le confinement, Anne-Marie Durou retrouve une photo de Félix Arnaudin. Un berger sur ses échasses. Son dos couvert d'une toison laineuse se fond dans la lumière de la lande jusqu'à son point de disparition. La sculpture Station métaphorise l'homme qui marche puis suspend son mouvement. Echassier aguerri, il n'en est pas moins fragile sous le poids du ciel qui étire le paysage sans confins. Une parenthèse s'impose et c'est là son refuge. Pour se recueillir avant de reprendre le chemin où tant d'autres pas se sont coulés, hommes et bêtes unis par l'énigme première de l'existence. Mais le spectateur peut aussi s'attarder sur la coiffe écaillée de l'œuvre. Ses arrondis sensuels invitent à une caresse inquiète. Quelque chose de vivant se cache à l'intérieur. Qui incarnerait les vieilles peurs de l'invisible.

Notigirle (de l'anglais naughty girl) attire l'œil. La main a envie d'ébouriffer sa fourrure vert tendre. C'est une bonne fille qui aime se montrer. Mais Anne-Marie Durou dit qu'elle est cyclothymique. La séductrice a aussi des griffes imprévisibles. On ne sait pas pourquoi. Une fêlure probablement, héritée des enfances, qui parfois la rend un peu sotte, un peu potiche. Elle aurait sa place dans un magasin de décoration. En quelque sorte, la pouffe est un pouf. Un objet bio-design aux courbes avenantes. Destiné à la reproduction en quelques établis. D'ailleurs, Anne-Marie Durou aime travailler avec des artisans pour certaines de ses réalisations : couturières, orfèvres, céramistes, peaussiers, serruriers, chaudronniers, métallurgistes. Avec cette recherche permanente de l'équilibre entre la matière, la structure et la forme. Afin d'assurer au mieux l'architecture de soi. 
 
Comme dans les nombreux dessins de l'artiste. Des fragments architecturaux (pylônes, rambardes ou parapets) au tracé méticuleux et sans appui contre le vide retiennent autant que possible l'esprit prompt à chavirer dans ses divagations. A la façon de David Lynch et de Francis Bacon, parmi d'autres... 

Anne-Marie Durou vit et travaille à Bordeaux. Elle est soutenue par le Fonds régional d'art contemporain de Nouvelle-Aquitaine et la Direction régionale des affaires culturelles. 

Ses œuvres sont également visibles sur Instagram : anne_marie_durou
et ici : http://www.dda-nouvelle-aquitaine.org/anne-marie-durou/
 
Aurore, 2022
Lycra, cuir, fils polyester, bois (216 x 100 x 20 cm environ)
Station, 2023
Céramique, laine feutrée, bois, inox (75 x 95 x 122 cm)
Notigirle, 2008
Fil acrylique, silicone, lycra, fourrure, bois (32 x 58 x 100 cm)