Après
la bibliothèque du rez-de-chaussée, à nous deux celles de l'étage. Il y
règne un fouillis encore plus
indescriptible et je ne sais pas comment faire, d'autant que ma
fatigue limite mon champ d'opération. Le rêve d'une bibliothèque idéale
contenant au plus quatre ou cinq cents titres pourrait me
reprendre. Je retrouve cependant avec émotion un inédit de ma
compagne, Brigitte Giraud, dédié à Isabelle B. qui se reconnaîtra. Le
manuscrit s'intitule Un avant-goût de la nuit. Il a
une quinzaine d'années.
Les draps respirent
un mot sur un autre mot
le noir obstinément rompu
défile aux doigts qui errent
par-delà la lampe inanimée
*
Ecouter la peau
qui ne craque pas
et ce tintamarre
sous l'arche de la mort
une ombre
un hall vide
des souvenirs nus
partout sur les murs.
*
Un pli sur l'oreiller
blanc sur blanc
comme un mal
Où est le rebord
pour se tenir ?
*
La bouche écorche un mot,
s'épuise, s'ouvre encore
puis n'essaie plus
ne parvient pas
et l'oeil s'agrandit autour du silence
la chambre te contient
dans son drap plissé où reposent tes coudes
Tu ne reconnais
ni ta main
ni la maison sur la photo
ni la femme qui t'appelle
l'effroi seulement ligote ton regard
*
Les néons ont blanchi dans la nuit.
Une femme au fichu rouge
noué sous le menton
s'appuie à l'arbre mort,
au silence du vent,
à l'horreur du vide.
Tout au fond de sa voix
poussent des cornes de brume
où des mouettes ont pleuré.
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