jeudi 9 mai 2013

Chemin faisant

Je roule sur les boulevards quasi déserts. Une petite pluie couture le pare-brise d'improbables picots. Il y a du jazz à la radio, assez classique, piano et trompette avec sourdine. Je me dis que je n'écoute plus guère de musique sauf en voiture. Je me dis que, peut-être, je passe trop de temps à enfiler des lectures comme des perles. Puis, sans transition, la pensée ne pratique pas ce genre, je réfléchis à la question de l'extrême-droite et de l'extrême gauche. Eurêka ! Je trouve enfin quoi répondre à ceux, très nombreux, qui disent que c'est pareil au prétexte que, selon le principe physique de la torsion, les extrêmes finissent par se rejoindre.

Dans l'intention, l'extrême-droite propose de restreindre les libertés du plus grand nombre.
Dans l'intention, l'extrême-gauche propose d'augmenter les libertés du plus grand nombre.

Je souris. Je ne suis pas dupe de l'aspect mécanique de mon impromptu. Je regarde, rêveur, le balayage poussif des essuie-glaces sur le pare-brise. Quelques résidus de pollen dessinent des contours fragiles autour des gouttes d'eau. 

Et voilà que Deleuze traverse d'un pas peu assuré mon esprit qui batifole. Je me souviens, mal, de ce qu'il a dit à propos de la droite et de la gauche. Il faudrait ramasser sa formule mais sans la dénaturer, afin que le plus grand nombre puisse l'entendre.

Etre de droite serait de ramener le monde à soi.
Etre de gauche serait de ramener le monde à l'autre.

Hum ! Toujours inspiré par les essuie-glaces, j'évoque la question de l'effacement. Est-elle ouverte ? Tressera-t-elle des liens avec d'autres concepts ? Est-elle au contraire un piège qui se refermera sur le vide ?

Un changement de programme à la radio me ramène à la réalité de la circulation. Je vais au supermarché qui ouvre les jours fériés. Besoin de pain, de yaourts, d'une bonne andouillette et d'une bouteille de vin de trente-sept centilitres car je suis devenu raisonnable depuis que mon coeur a failli s'arrêter de battre.

Mais me voilà tout soudain en perte d'arroi. Je ne me souviens plus très bien de ce qui flanche. Où dois-je tourner ? A droite ? Ou à gauche ? Que sont mes intentions dès lors que la pensée, cerclée ou non de pollens, ne tient plus ses trames ?

2 commentaires:

  1. "De vivre, mon coeur ne s'arrête pas !", cette pensée-là me vient, comme un regard lancé à rien,... sans incidence.

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