mardi 14 mai 2013

Petit éloge des coins de rue, Patrick Pécherot

Entre deux pavés genre Mo Yan ou Irving, entre deux lectures qui chamboulent genre Ysmal ou Le Querrec,  rien de tel qu'une promenade dans les banlieues de Paris des années trente à nos jours. Dans Petit éloge des coins de rue, Patrick Pécherot nous emmène à Puteaux ou à Courbevoie en passant par Suresnes. On y sent le graillon et la toile cirée neuve, l'huile de vidange et les puces de chiens qui ne sont pas tous de Saint-Ouen. Et que la balade littéraire est belle itou, en vers, en chanson et à vélo solex ! Je ne résiste pas au plaisir d'une petite liste : Béalu, Carco, Mac Orlan, Prévert, Aragon, Souvestre et Allain, Céline, Brassens, Ferré, Mouloudji mais aussi Jean-François Grandin dit Frank Alamo... Emboîtant le pas à la joyeuse troupe, le jazz popu et le cinoche en noir et blanc font chorus, Bourvil et Gabin en tête.

Sans la moindre nostalgie et avec humour, Patrick Pécherot nous offre la vie qui gratte et qui râpe des gens de peu chers à Pierre Sansot. Et foutre diantre, que sa langue, sans col blanc, claque à merveille au creux du bec !

" Mots bricolés, traficotés, fourgués à la criée ou en douce, ils voyagent. Ce sont des mots saute-frontières. Ils rôdent dans les sentiers, le long des voies ferrées et des aires de transit. Ce sont des mots tapis dans les abris des gares et les aires d'autoroutes. Des mots échoués, en espoir de partance, au trente-sixième dessous d'un hôtel à immigrants. Indésirables. Leur bosse roulée, certains s'en reviennent, peinturlurés de bonne réputation. Ce sont des clandestins planqués dans le vocabulaire, des mots pas dupes qui rient sous cape. Ceux de Villon qu'on sert le doigt levé alors qu'ils sentent la coquille et le jarret coupé. "

Lisez donc ce petit bijou de la littérature dite populaire et offrez-le donc ; il ne coûte que deux euros chez Folio. Une thune dans l'bastringue et puis ça y est !

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