Dans l'un de ses posts, comme on dit sur les réseaux sociaux, Francesco Pittau affirme préférer Dickens à Balzac. Je me souviens que je ne l'ai jamais lu. Je me souviens que je lis et relis Shakespeare mais que ma connaissance de la littérature anglaise se limite à quelques contemporains dont Coe et Mc Ewan.
Je me souviens que j'ai une culture à trous comme j'ai eu une enfance à trous. Ni père ni mère pour m'accompagner sur les chemins des lettres. Des études interrompues en première et reprisées comme des vieilles chaussettes.
Je pense à Lionel Bourg qui déclare avoir dû voler la langue quand il était adolescent. Je prends ses paroles à mon compte. J'ai volé la langue et, par chance, dans mes butinements désordonnés, des amoureux des littératures ont bien voulu me guider. Paraphrasant feu Maurice Nadeau, je dis : " Grâces leur soient rendues ! "
Je leur dois tant de trésors qui palpitent encore dans ma poitrine. Ils m'ont fait grandir avec des princes maladroits, des consuls ivrognes, des jouvenceaux conquérants, des âmes crépusculaires, des coquins obstinés...
Je leur dois d'avoir pu apprêter mon chant dans le creuset de mes silences.
Je leur dois d'être parvenu à rester vivant et d'avoir, oui, pu rencontrer l'amour.
Cependant, malgré quarante ans de lectures qui m'ont conduit à franchir tant de rives improbables, je demeure un petit garçon qui ne comprend rien.
Il me faut grandir encore et encore. Défricher le fouillis des émotions et des idées. Forger les outils nécessaires au regard ouvert et pénétrant.
Combler du sang des autres les trous de mon corps.
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