A
Barcelone, bien sûr, pour peu que l'art vous intéresse, vous rencontrerez les
univers de Joan Miró, Antoni Tápies et Antonio Gaudí. Mais je préfère parler de
la patata brava. Voilà un plat minuscule, (tapa), qui enchante les amateurs de
la pomme de terre quand ils n'ont pas la frite. Découpée en morceaux inégaux et
légèrement rôtie, elle s'accompagne d'une sauce à l'ail délectable dont
l'âpreté est atténuée d'un léger filet de rouille. Je m'en suis régalé
quelquefois en buvant du Bacardi-Cola sur la paisible rambla del Poblenou.
Le
hasard n'étant jamais en reste dans le flux des voyages, un article de El Mundo
du 14 août raconte avec gourmandise l'histoire de cette patate apparue dans les
années soixante et aussitôt célèbre jusqu'à New York puisque le Wall Street
Journal lui consacra quelques colonnes.
Mais
comment faut-il au juste la déguster ? Quatre-vingt-dix pour cent des
aficionados la consomment avec salsa secreta (rouille) et alioli (sauce à
l'ail) : c'est la doble mixta. Les autres, considérés comme des puristes, la
mangent sans alioli car elle serait ainsi plus digestive : c'est la doble
picante.
Le
sujet, déclare Enric González, nourrit des débats plus virulents que le football
ou l'indépendance.
Je
ne suis pas qualifié pour intervenir dans cette bataille d'Hernani culinaire.
J'ai apprécié les patatas bravas y compris avec du chorizo cuit, en regardant
le soir tomber sur les seins mordorés des jeunes filles en fleurs. Puis, de
Bacardi-Cola en tinto de Rioja, j'ai aimé être vivant, avec mon amoureuse.
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