lundi 30 décembre 2013

L'instant des fantômes, Florence Valéro

"... l'absence a / dans l'absolu du verre / même naufrage ", écrit Florence Valéro dans son premier recueil publié L'instant des fantômes. Quelques menus pas plus loin, elle note que " l'infini / rapetisse entre deux murs / c'est peu dire que le coeur bat ".
Nous nous trouvons là dans une poésie de la ténuité qui interroge l'émotion jusqu'au coeur de la matière. Tout est friable, fragile, insaisissable, et l'absence n'est peut-être qu'une présence inversée. La quête de leurs signes dans " un peu de brume " ou " une épaisseur d'eau " constitue un chemin d'écriture d'une grande maturité, proche parfois d'une certaine mystique matérielle à la façon de Guillevic. On pense également à l'univers des haïkus dans le rendu des sensations puisées au fond des regards. " pour envelopper la fièvre / guettons la neige / pelote d'oubli ", écrit encore Florence Valéro.

Saluons aussi la jeune maison d'édition L'herbe qui tremble et son parcours de haute voilure, sa mise en miroir des textes et des images. Ici, deux photographies foisonnantes de lumières signées Christine Mannaz-Dénarié.

extraits : 

ni matin
ni soir
continue de surgir
cette empreinte battante
autour de ma pupille
et quel nid
quel nid où la vitre
se reflète grise ?
*
sur la face enfoncée
du ciel
un monde se couvre
d'une épaisseur d'eau
raconte-moi
ce silence
*
le plancher hésite
votre pas votre voix
minuit cherche un exil
le passage secret de l'aube
sur la tranche des ombres
l'enfance
les serrures trafiquées
à l'insu du soleil

P.S. : Lisez aussi ce que dit Recours au poème de Florence Valéro.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire