mercredi 14 septembre 2016

Christophe Sanchez, Morning à la fenêtre

"L'aventure commence à l'aurore de chaque matin", chante Jacques Brel. La nuit traîne encore. Le jour hésite. Le regard se pose à tâtons sur les lumières qui se dérobent.
Dans Morning à la fenêtre, Christophe Sanchez est l'un de ces aventuriers du regard. Un réverbère, un goéland, une brassée de toits et la mer juste après. Autant d'éléments fragiles, il n'est pas sept heures, pour saisir les lignes de fuite dans le paysage. 
Du jeudi cinq novembre deux mille quinze au mercredi treize janvier deux mille seize, le poème dresse au jour le jour l'état des lieux depuis l'observatoire promontoire de la fenêtre. En couples de quatrains proches parfois d'un chant aux accents de nuit blanche nougaresque et que le rejet d'un mot voire deux fait rebondir comme des galets. Lesquels composeraient pourquoi pas un nouveau poème modulable selon l'humeur du vagabondage immobile.
D'autres oiseaux signent un nouvel avènement, des sternes, des mouettes rieuses, des aigrettes ou des sarcelles, des vanneaux, un simple piaf... cependant que la nuit a des douleurs à la mâchoire ou "laisse un peau caillée sur le faîtage en légère brume".
Le visage de l'humain apparaît. Froissé. Chiffonné. Il y a de la cruauté dans le "chagrin grêlé de pavés froids". Alors que, bégayant nos solitudes sales, le bleu du gyrophare des éboueurs étourdit le poète suspendu au perco de la machine à café.
Extrait :

  Un ciel repu ceint les toits
  De nuages en masse soûle
  Seul, le goéland dégrisé vole
  A la mer le chagrins des jours
Nus

  Il épand au-dessus des visages
  Un parfum de printemps indu
  Comme une douceur sale sur
  L'encre fraîche d'une nuit à
Trous
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Morning à la fenêtre de Christophe Sanchez est publié au prix de onze euros par les toutes jeunes éditions Tarmac auxquelles nous souhaitons bon vent bon large au fil des mots à cueillir.

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