lundi 2 janvier 2017

Edith Masson et William Mathieu dans Voleur de feu

La revue Voleur de feu, dont j'ai déjà eu le plaisir de parler ici, nous offre dans sa cinquième livraison les regards croisés d'Edith Masson et de William Mathieu sur les lieux où ils ont grandi en Lorraine. La "chair molle des champs retournés coupant des chaumes", travaillée jusqu'à la fatigue par la matière poétique massonienne, entretient avec les crassiers à la pointe sèche de William Mathieu une conversation élémentaire qui touche à l'universel de la terre comme lecture. Le Vendéen James Sacré ou l'Ardennais Guy Goffette, ces arpenteurs de lignes à réinventer sans cesse, trouveraient là des paysages et des émotions à partager.  
L'ensemble des poèmes d'Edith Masson s'intitule ce que disent les pies. Il a été traduit en allemand par François Dillinger et Lionel-Edouard Martin. Le lecteur pensera bien sûr à la grande hache de l'Histoire abattue sur cette région défigurée jusque dans ses entrailles. Edith Masson écrit :
tu puais
la guerre certains soirs tu puais
la guerre
de ton père la tienne et les autres
guerres toutes puent dans nos mains les frotter ne
sert à rien elles t'ont pissé dessus...

du stankest
nach krieg manchmal abends stankest du
nach dem krieg
deines vaters nach deinem und den anderen
kriegen alle stinken in unseren händen sauber reiben
nutzt nichts sie haben dir draufgepisst...

Les dessins de William Mathieu, composés sur papier ou sur écran, disent l'amertume des jours et l'épuisement de l'horizon. L'Ouverture sur le monde ne sort pas du rectangle de la télévision en noir et blanc des années soixante. La grande pointeuse de l'usine et de la mine carillonne aussi au salon après les Soleils quotidiens trompeurs de l'estaminet. Pour tenir malgré l'Obsession spongieuse qui dévore les poumons de la bête humaine dans les galeries de la mort.Afficher l'image d'origine
Lisez cette belle revue dont la pagination est augmentée depuis le numéro quatre. Vous pouvez la commander en cliquant sur le lien affiché ici même.

Torche de William Mathieu sur le site williammathieu.eu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire