D'autres
enfants passent de mystère en mystère. J'ouvre mes bras qui étreignent du vide. La lumière est basse encore et patine les
flaques de ramures froissées. Je marche avec le silence derrière les fenêtres. Je
ne regarde pas les oiseaux qui m'en détourneraient. J'ignore le grésil de mon
corps. La marche a fondu mes gestes et mes mots dans la stupeur du matin blanc.
La
fatigue même a perdu mon visage.
La rumeur de la berge s'accorde au silence des ornières. Le sommeil des bêtes grince dans l'étable. La mouche en a fini de l’agonie sous la solive. Une ombre gribouille sur la lune, berce l'enfant qui cherche à grandir. Demain aura-t-il seulement lieu, si la nuit lui refuse sa porte ? La solitude est plus lente sous la lumière à pic. On s'éloigne du monde qui penche, on ne veut pas sombrer dans ses rumeurs de peaux mortes. Mais le paysage est un étau pour les oiseaux. Les mots manquent pour le défaire.
Comment inventer des sortilèges avec une langue coupée ?
Il faudrait retourner à la rivière des enfances, à la berceuse aux dents vertes, ses appels jetés à mon visage quand les rêves ne portaient plus mon corps. Il faudrait éprouver le vide lancé par-dessus les berges d'où montaient des vapeurs, chercher des signes à conjurer les spectres, inventer des mots venus d'une autre voix dressée comme un parapet pour m'ouvrir à l'oubli. « Cet arbre debout dans son squelette quelle voix ranime-t-il en nous sous la tuile obtuse qui bat ». Des ombres dressées contre la marche, leurs plaintes de bêtes saignées. Une frondaison s'ouvre à mon chemin avec ses souvenirs de poix blanche. Les peupliers tremblaient depuis l'aurore, entendaient déjà le pas lourd de la hache, les cris à l'écho rabattu.
La rumeur de la berge s'accorde au silence des ornières. Le sommeil des bêtes grince dans l'étable. La mouche en a fini de l’agonie sous la solive. Une ombre gribouille sur la lune, berce l'enfant qui cherche à grandir. Demain aura-t-il seulement lieu, si la nuit lui refuse sa porte ? La solitude est plus lente sous la lumière à pic. On s'éloigne du monde qui penche, on ne veut pas sombrer dans ses rumeurs de peaux mortes. Mais le paysage est un étau pour les oiseaux. Les mots manquent pour le défaire.
Comment inventer des sortilèges avec une langue coupée ?
Il faudrait retourner à la rivière des enfances, à la berceuse aux dents vertes, ses appels jetés à mon visage quand les rêves ne portaient plus mon corps. Il faudrait éprouver le vide lancé par-dessus les berges d'où montaient des vapeurs, chercher des signes à conjurer les spectres, inventer des mots venus d'une autre voix dressée comme un parapet pour m'ouvrir à l'oubli. « Cet arbre debout dans son squelette quelle voix ranime-t-il en nous sous la tuile obtuse qui bat ». Des ombres dressées contre la marche, leurs plaintes de bêtes saignées. Une frondaison s'ouvre à mon chemin avec ses souvenirs de poix blanche. Les peupliers tremblaient depuis l'aurore, entendaient déjà le pas lourd de la hache, les cris à l'écho rabattu.
image pierre soulages christies.com
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