Grâce à la
revue Recours au poème, j’ai découvert la poète espagnole Teresa Soto et ses
deux recueils en édition bilingue Nœuds
(Nudos) et Chutes (Caídas). Bernard
Noël, préfacier de Chutes
écrit : « Ainsi va-t-on de page en page vers une ouverture faite de
gestes simples et de murmures. » Il s’agit en effet d’une poésie sans
affiquets, suggestive dans ce qu’elle a de tendre comme dans ce qu’elle a de
rugueux. Chronique à suivre bientôt dans Recours au poème.
Extraits de
Chutes :
Recuento
de paraísos :
llamamos
las tardes frescas
para
contarlas
como
cabezas de ganado.
Pasan,
una tras otra
en
polvareda viva.
Décompter
les paradis :
nous
appelons les après-midi fraîches
pour
les compter
comme
des têtes de bétail.
Elles
passent, l’une après l’autre,
poudre
vive.
*
Las
carreteras sustituían
las
aceras.
Por
ellas, paisajes
filtrados
por el cristal
y un calor único.
El
calor y el paisaje
todo
venía a través de algo.
Les
routes prenaient la place
des
trottoirs.
Et
par elles, paysages
filtrés
à travers la vitre
et
chaleur unique.
Chaleur
et paysage
tout
venait à travers quelque chose.
*
El pecho abierto y roto
el
día claro y pálido
y
yo de luto
negra
entera
y
mi padre también llora
por
el padre del padre
y
llora
y
se fue
y
no hay
y
quiero decir que sus lágrimas
caen hilo a hilo
sus ojos son secos
como los míos
hija del hijo
hija del padre.
La
poitrine ouverte et brisée
le
jour clair et pâle
et
moi en deuil
toute
noire
et
mon père lui aussi pleure
le
père du père
et
il pleure
et
il est parti
et
il n’y a plus
et
je tiens à dire que ses larmes
tombent
fil à fil
ses
yeux sont secs
comme
les miens
fille
du fils
fille
du père.
Chutes de
Teresa Soto est publié aux éditions L’herbe qui tremble associées aux éditions incorpore. La traduction est de
Meritxell Martínez et Bernard Noël. (18 €)
image incorpore.org
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