A neuf heures quarante ce samedi 12 janvier, le ciel est bleu au-dessus de Porto. Le vent me pousse dans un café en face de la librairie (livraria en portugais) Moreira da Costa dont j'attends l'ouverture pour me présenter à son tenancier Miguel Carneiro.
Mes lecteurs se souviennent que, alerté par Isabelle Lagny et Salah al Hamdani, j'ai écrit un article de soutien à cette petite entreprise menacée d'expropriation par l'hôtel cinq étoiles d'à côté. L'éternelle histoire de la voracité du pot de fer contre la frugalité du pot de terre.
Dès qu'il entend mon nom, Miguel Carneiro me serre la main et un sourire illumine son visage. Il m'invite aussitôt à visiter les trésors de sa cave. Des milliers de livres très anciens dont certains ont plus de trois siècles. Miguel est en contact avec des collectionneurs qui lui achètent quelques pièces rares. De quoi tenir au jour le jour car, à Porto comme partout ailleurs, le commerce de la librairie indépendante est à la peine.
Cette immersion en terre profonde de la mémoire écrite avec ses limbes entrelacés confond mon étonnement. Je hoche la tête. Je cherche des mots qui ne viennent pas sous la lumière basse. La nuit qui sait, les livres se rapprochent et tiennent des conciliabules.
Lorsque nous remontons à la surface, Miguel me confie que plusieurs recours en justice ont été déposés par le pot de fer. De procédure d'appel en procédure d'appel, le sentiment d'insécurité n'en finit pas de durer.
Mais les autorités municipales de Porto reconnaissent désormais officiellement la librairie fondée en 1902 comme faisant partie du patrimoine. Bientôt, une plaque sera apposée sur la devanture du magasin. " C'est mon Oscar", dit Miguel avec humour. Et il ajoute : "Quoiqu'il arrive, ici ou ailleurs, je continuerai à vivre avec et pour les livres."
Puis, en compagnie de son père francophone qui vient d'arriver, il me montre sur l'écran de son ordinateur des images de la lecture de poésie qu'il a organisée avec un jeune auteur du crû.
Miguel Carneiro le pot de terre est un passionné quand le pot de fer ne sait lire que des chiffres d'affaires. Espérons que la fable tournera à l'avantage du premier ! Cela s'est déjà vu. Cela se reverra.
image visitporto.travel
Puis, en compagnie de son père francophone qui vient d'arriver, il me montre sur l'écran de son ordinateur des images de la lecture de poésie qu'il a organisée avec un jeune auteur du crû.
Miguel Carneiro le pot de terre est un passionné quand le pot de fer ne sait lire que des chiffres d'affaires. Espérons que la fable tournera à l'avantage du premier ! Cela s'est déjà vu. Cela se reverra.
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