Des rumeurs encore. On dirait qu'elles ont mille ans. Qu'elles viennent d'un autre monde. D'une autre langue. Les murs noirs ont chassé la lumière de l'espace et du temps. Les chemins se jettent dans le vide. Les troupeaux à l'écart ont les yeux qui éteignent. Et la tour veille comme elle a toujours veillé. Sur l'invisible. Un jour, il apparaîtra.
Le promeneur relève son col. Quelque chose en lui sourit. D'une mémoire plus ample que son corps. Avec ces mots qu'il saisit : l'univers passe par mailles comme une vieille chaussette l'infini n'est jamais qu'un fini qu'on ne sait pas finir
Et il se met à rire en regardant le ciel. Cette mélasse tombée d'un faux plafond. Un machiniste grimaçant la verse à seaux percés. Le paysage peut bien tomber aussi. Qui voudrait le relever ? Au prix de quels mensonges ?
Le promeneur se réfugie sous l'arbre et s'apaise. C'est un lieu sûr même pour douter. Et si l'univers était vraiment une vieille chaussette ? Un frémissement traverse le feuillage, dessine une échancrure. Un autre récit pourrait se déplier. Avec l'assentiment du petit peuple des écorces. Il ferait cercle autour du promeneur et prêterait sa voix. Mais le conte serait bancal. Rien n'existe sans ce qui trébuche.
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