Mon poème se retire lentement comme mon sang se retire lentement dans mes veines. Ce n'est pas là comparaison d'ornement. Il me faut pour composer avec la fatigue une force qui a disparu de mon corps. Soulever la peau des choses à vif. Fouiller leurs fibres et en traquer les mots. Saisir au passage une idée buissonnière. Y verrai-je un quelconque enchantement ? qui abreuverait les besoins d'écriture ? Un oiseau, dont les ailes pèsent comme de vieilles épaules, me regarde depuis son promontoire de lierre. Une taie sur ses yeux a le battement lourd d'un drap qu'une vaine colère aurait tordu. Je rentre dans mon sang. Les grumeaux de sa rouille me font parfois sursauter. Il faut dormir maintenant. Je ne vois pas d'autre issue à ce jour abattu.
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