Claude Bellan nous reçoit dans sa nouvelle maison à Bordeaux. Des livres et des tableaux encore en vrac à tous les étages. Une lumière douce venue du jardin. Nous visitons. Nous nous asseyons autour du tableau en train. Du bleu qui n'est pas fini, qui n'est pas encore le bleu Bellan, qui le deviendra.
Nous parlons de littérature. Claude aime les livres de Thomas Bernhard. Ces sinuosités qu'il suit dans les pensées de l'auteur, qui ne prennent souvent sens qu'à la fin. Je confesse mon incapacité à le lire, par manque de respirations dans le texte tout d'un bloc. Mais il est vrai que la pensée ne rédige pas de paragraphe, ne revient jamais à la ligne.
Puis Claude évoque encore et encore les grands peintres qui continuent de le terrasser. Picasso. Matisse. Ces frères ennemis, non, pas ennemis, mais, comment dire, incapables peut-être de se rejoindre tout à fait. Bonnard aussi. Celui dont il se sent peut-être le plus proche affectivement. Marthe. Toujours Marthe. Inlassablement dessinée et peinte, à sa toilette. Pendant que le robinet de la baignoire laissait fuir sa complainte.
Et Claude parle de sa compagne Herta Lebk. Nous l'écoutons. Pour un peu nous aurions les yeux mouillés. Que n'est-elle morte " dans sa peinture", comme Bonnard du reste, plutôt que dans la froidure blanche d'un hôpital ! Et cette question, tragique, que seuls peut-être les amoureux inquiets au long cours se posent, se reposent, jusqu'à en avoir du mal partout dans le corps, impossible à ôter : Est-ce que je l'ai assez aimée ?
Exposition Herta Lebk à la galerie Guyenne Art Gascogne du 8 avril au 10 mai. Visions sur le Grand Canyon. 32 rue Fondaudège, Bordeaux. Ouverture du mardi au vendredi de 14h à 19h et le samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 19h. Site : www.galeriegag.fr
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