C'est l'histoire d'un fils qui vit tranquillement à Miami. Il pourrait exercer la médecine mais a choisi un emploi mal payé de pelotari car la pelote basque est sa passion depuis l'enfance. Il a une voiture qui tombe en morceaux, un bateau guère mieux loti et un ami latino, espèce de bonhomme en sucre que le lecteur a envie d'embrasser sur les deux joues.
Un jour, il apprend le décès de son père à Toulouse. Une mort particulière qui est la marque de la famille... Le fils rentre en France avec son chien, important le chien, pour régler les obsèques et la succession. Retrouve la maison dans laquelle il a grandi. Souvenirs souvenirs. Du grand-père notamment, médecin en URSS du temps de Staline dont il autopsia le corps. Il préleva un lobe du cerveau du dictateur, lequel macère encore dans son bocal de formol, sur une étagère. Souvenirs de la mère aussi. Qui aimait peut-être davantage son frère que son mari et qui mourut dans le garage, par asphyxie volontaire. L'image du père est évidemment très présente malgré des contours flous, énigmatiques. Un médecin encore, plutôt spécial. Pendant son internat à l'hôpital il soignait les patients en slip. Mais il faisait bien d'autres choses... rigoureusement notées dans des carnets noirs.
Le fils va-t-il reprendre le cabinet médical de son paternel adulé par les malades ? Saura-t-il vivre en paix avec le fait même d'être le fils ? Assurera-t-il jusqu'au bout la succession ? Mais de quelles successions s'agit-il vraiment ?
Le fils ne le sait pas encore. Il retourne à Miami, tombe follement amoureux d'une belle Norvégienne patronne d'un restaurant. Hélas, il y a un problème, un sacré putain de problème. Et le lecteur pleure. Comme il pleurera quand le fils rentre définitivement en France. Pour aller jusqu'au bout de sa quête, de la succession...
Une fois encore, Jean-Paul Dubois sait nous toucher au plus profond, jusque dans son intérêt pour la mécanique auto. A la façon de ces auteurs Américains qui l'accompagnent de livre en livre, de père en père, de grandes étendues en grandes étendues.
La succession est un roman charnu, gouleyant, tendre, comique et grave, généreux, fragilement humain, terriblement humain...
Du grand Dubois.
Publié aux éditions de l'Olivier.
Image Télérama.fr
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