plus grande est la solitude au passage
des grands
oiseaux*
Leurs cris mêmes agrandissent le ciel
Rapetissent la sente où le corps s'étire
Et le silence tombe sur mes épaules
Immobile
Je ne peux rien saisir des ombres entre
mes pas
Mon sang a pris le goût du fer dans ma
bouche
Il est trop tard
Les draps de la nuit claquent déjà
*
on décèle sous le poème
les traits d'agonie de la terre
le filigrane obscur des rides
sous le grand vent des déserts*
Les mots sont des corps
Avec leur souffle et leur sang
Leur bile noire
On ne peut pas les saisir dans la marche
Sous l'humus qui perle
On demande au poème la permission du
chant
Sa mélancolie d'oiseau
On attend que la fatigue ouvre ses
portes
*
le paysage est-ce qu'il en vaut la peine
?
c'est juste une petite colline pelée
et elle n'a même pas de nom*
La marche peine parfois à être la marche
Le souffle manque aux chemins de
traverse
Plus rien ne luit dans les embrasures
On chercherait vainement l'éclat d'une
ramure
Le trille échappé de l'oiseau
On renonce aux remuements sombres de la
langue
Qui transfigurent la mémoire des coteaux
Les
visages mêmes n'ont plus de nom*
à Angoulême où je suis roi
d'un coin de ruelle éphémère
le temps passe et ne passe pas*
Des marches anciennes se coulent dans ma
marche
La ville avait des pâleurs de chicon
La pluie et le vent tordaient tous les
visages
Mon ombre allait au jardin vert
Inventer des jeux d'otarie
Des babils de mousse dans les
encoignures
Le temps planait bas sur mes quinze ans
Son bec luisait comme un couteau
*
image espritsnomades.com
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